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Senoussi, l'âme damnée du colonel Kadhafi et le détenteur de ses secrets

Le conseiller du Guide libyen était très proche du clan familial et a soutenu le dictateur jusqu'au bout.

Par Christophe Ayad et Natalie Nougayrède

Publié le 21 mars 2012 à 15h44, modifié le 22 mars 2012 à 10h05

Temps de Lecture 2 min.

Abdallah Al-Senoussi, l'ancien bras droit de Mouammar Kadhafi, a été arrêté en Mauritanie le 17 mars.

Abdallah Senoussi, 62 ans, était plus qu'un proche conseiller de Mouammar Kadhafi, il faisait partie de son clan familial. Marié à la soeur de Safia Farkash, l'épouse du colonel, il était son beau-frère. Et contrairement à d'autres dignitaires comme Abdelsalam Jalloud, son parrain en politique et numéro 2 du régime, en disgrâce depuis les années 1980, ou à Moussa Koussa, qui a fait défection fin mars 2011, Abdallah Senoussi a soutenu le Guide jusqu'au bout.

Leurs chemins se sont séparés le 21 août, peu après la chute de Tripoli. Alors que Mouammar Kadhafi partait vers Syrte, Abdallah Senoussi s'enfuyait vers Beni Walid avec Saif Al-Islam, fils et dauphin présumé de Kadhafi, pour ensuite gagner le sud, berceau de sa tribu, les Magarha. Selon un conseiller de l'Elysée, il aurait échappé de peu à la mort, à Tripoli en juillet 2011, pendant la guerre, quand un tir de roquette de rebelles infiltrés dans la capitale libyenne avait touché "une salle ou se trouvaient Saif et Senoussi".

ASSASSINATS D'OPPOSANTS

Responsable de la sécurité intérieure dans les années 1980 et 1990, Abdallah Senoussi a pris la tête des renseignements militaires en 2002. Il a été la cheville ouvrière de la féroce répression du début des années 1980, des multiples assassinats d'opposants à l'étranger et du massacre des prisonniers mutinés d'Abou Salim en 1996 (1200 morts, en majorité des islamistes).

C'est également lui qui aurait recruté dans sa tribu Abdelbaset Al-Megrahi, l'auteur de l'attentat contre le vol de la PanAm à Lockerbie, en 1988 (270 morts). Lui qui aurait monté une tentative d'assassinat contre le roi Abdallah d'Arabie saoudite. Lui enfin que la justice française a condamné en 1999 par contumace comme cerveau de l'attentat contre le DC 10 d'UTA, en 1989, qui avait fait 170 morts. Cette condamnation lui interdisait théoriquement tout déplacement hors de Libye où il était visé par un mandat d'arrêt international.

Preuve de l'importance que lui accordait le régime libyen, des émissaires avaient proposé au représentant des familles des victimes de l'attentat contre le DC10, lors des négociations d'indemnisation, entre 2002 et 2004, un "deal" aussi curieux que cruel : l'abandon de la condamnation de Senoussi en échange de la mort des cinq autres condamnés libyens dans cette affaire. Lors de la négociation pour la libération des infirmières bulgares en 2007, les Libyens avaient à nouveau tenté d'obtenir que "tout soit effacé", dit une source à l'époque proche de l'Elysée. Rien n'indique que Paris ait cédé.

UN TÉMOIGNAGE QUI SERAIT EMBARRASSANT POUR LA FRANCE

Mais la traque de Senoussi n'a pas toujours été une priorité pour Paris. Un ancien officiel raconte que les services français savaient que Senoussi se déplaçait dans différents pays, notamment l'Egypte, sous des fausses identités.

En décembre 2007, Boris Boillon, conseiller diplomatique à l'Elysée, avait demandé aux familles des victimes du DC10 d'UTA de "tourner la page" peu avant la visite de Kadhafi en France. Celle-ci s'étant mal passée, l'Elysée avait rappelé en catastrophe les représentants des familles pour une réception improvisée destinée à marquer la mauvaise humeur de Nicolas Sarkozy.

Le témoignage d'Abdallah Senoussi pourrait se révéler embarrassant pour Paris s'il s'avère qu'il a négocié personnellement le contrat Amesys, du nom d'une société française de surveillance électronique ayant vendu son savoir-faire à la Libye en 2007.

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