PARIS (Reuters) - La surestimation du recul du chômage au mois d'août en France pèsera sur les chiffres de septembre, qui intégreront aussi l'arrivée sur le marché du travail de jeunes diplômés, à trois mois de l'échéance fixée par le gouvernement pour inverser la courbe.

La baisse du nombre de demandeurs d'emploi au mois d'août a été surestimée de 21.000 à 28.000 personnes pour les chômeurs de catégorie A (sans emploi) et de 31.700 à 40.700 pour ceux de catégories A, B et C, qui incluent les personnes ayant exercé une activité réduite.

Cette erreur est due à un dysfonctionnement du système de relance des demandeurs d'emploi n'ayant pas actualisé leur situation, ont indiqué lundi Pôle Emploi et la Dares, chargés de la publication des statistiques mensuelles du chômage.

"Le gain mécanique que l'on a eu en août, on risque de le payer en septembre", reconnaît-on de source gouvernementale en chiffrant à 20.000 demandeurs d'emploi supplémentaires l'effet de compensation d'un mois sur l'autre des sorties pour défaut d'actualisation.

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"On risque d'avoir un chiffre dégradé mais tout dépendra de l'évolution d'ensemble et on va peut être se retrouver proche de zéro", ajoute-t-on de même source.

Confronté à la baisse d'une ampleur inattendue au mois d'août, l'exécutif s'était montré prudent et avait souligné le nombre inhabituellement élevé des sorties de Pôle emploi constatées pour défaut d'actualisation.

FORTE VOLATILITÉ

L'identification de l'origine de cette surestimation n'a pas remis en cause le diagnostic du gouvernement, qui a souligné qu'après correction les chiffres ressortent toujours en baisse, pour la première fois depuis 27 mois, et qu'il s'agit de la décrue la plus importante depuis décembre 2007.

"L'analyse portée sur la situation et ses perspectives pour les mois à venir ne sont en rien modifiées, et la détermination reste plus que jamais celle de l'inversion de la courbe du chômage d'ici la fin de l'année", a déclaré le ministre du Travail, Michel Sapin.

Les chiffres de septembre devront aussi intégrer l'arrivée sur le marché du travail de jeunes diplômés, un phénomène traditionnel et qui n'est que partiellement lissé dans les chiffres publiés après correction des variations saisonnières.

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Les périodes de sortie de crise sont toujours marquées par une volatilité sur les chiffres du chômage, dit-on de source gouvernementale.

L'inversion de la courbe du chômage à l'horizon de la fin de l'année reste portée par les emplois aidés et l'arrêt des destructions d'emploi permis par l'amorce de reprise de l'activité au deuxième trimestre, souligne-t-on de même source.

"La prolongation à douze mois, contre huit mois auparavant, des contrats aidés annoncée au premier semestre aura un impact fort sur les statistiques de fin 2013, ce qui explique sans doute l'optimisme du gouvernement", relève Eric Heyer, économiste à l'OFCE.

EN ATTENDANT LA CROISSANCE

Le nombre de contrats aidés pourrait selon lui atteindre 320.000 fin 2013, contre 240.000 en début d'année. Avec plus de 60.000 emplois d'avenir signés, le gouvernement estime que l'objectif de 100.000 sur l'année sera tenu. La montée en charge des contrats de génération s'avère en revanche plus poussive.

Dans le cadre du projet de loi de Finances pour 2014 présenté mercredi dernier en conseil des ministres, le gouvernement prévoit de financer 340.000 emplois non marchands auxquels s'ajoutent 150.000 emplois d'avenir et 100.000 contrats de génération pour une dépense de 4 milliards d'euros en 2014.

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Seule une accélération de la croissance permettra toutefois de renouer avec des créations nettes d'emploi dans le secteur marchand, seules à même de faire reculer le chômage.

Le gouvernement a retenu une hypothèse de croissance du Produit intérieur brut de +0,9% en 2014 après +0,1% cette année.

"Traditionnellement, les entreprises françaises recommencent à créer des emplois lorsque la croissance dépasse 1,5%", rappelle Eric Heyer.

L'OFCE chiffre à plus de 250.000 les sureffectifs dans les entreprises françaises au sortir de la crise en raison de destructions d'emploi de moindre ampleur que lors des phases de ralentissement précédentes.

"Il faudrait 1,6% de croissance sur 2014, 2015 et 2016 pour faire repartir l'emploi dans le secteur privé", estime-t-il.

Selon l'Unedic, le nombre de demandeurs d'emploi en catégories A, B et C augmenterait encore de 118.900 en 2014 après une hausse de 254.900 en 2013 en métropole.

Le nombre de demandeurs d'emploi indemnisés augmenterait quant à lui de 29.500 sur la France entière l'an prochain après une hausse de 15.500 cette année, selon les prévisions financières publiées la semaine dernière par le gestionnaire de l'assurance chômage.

Marc Joanny avec Julien Ponthus, édité par Yves Clarisse