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Mariage gay : la vraie raison de l'agressivité des députés

DECRYPTAGE - L'arrogance avec laquelle les députés de gauche ont interrogé les représentants des religions montre l'inquiétude qui gagne le pouvoir, écrit Jean-Marie Guénois.

Pour certains «démocrates» l'intimidation tient lieu de débat. Il ne s'agit pas d'entendre le point de vue opposé pour échanger mais de faire pression pour contraindre celui qui s'exprime au silence.

Singulière conception de l'ouverture intellectuelle où la sacro-sainte tolérance n'a qu'un sens: celle de ses idées, à soi! Mais c'est le tableau inquiétant pour la démocratie qu'ont donné, à l'Assemblée nationale, les élus de gauche qui ont questionné, jeudi après-midi - avec une arrogance digne d'un laïcisme autoritaire daté de la fin du XIXe siècle - les représentants des religions. Ils étaient entendus pour préparer la loi sur le mariage homosexuel.

Parmi les six intervenants, c'est l'Église catholique qui a été objectivement prise pour cible. Politiquement corrects, les élus présents ont montré un évident respect pour les juifs, une indifférence polie pour les protestants et les musulmans et une bienveillance béate pour les bouddhistes.

Intimidation

Premier axe de l'intimidation: L'Église catholique ne doit pas porter «le débat dans la rue». Avec un message précis: «Laissez aux élus la responsabilité de décider», a lancé l'un d'eux. De fait l'Église - et elle seule - ose encourager à «se manifester». Y compris dans la rue comme le dimanche 13 janvier prochain où une manifestation nationale est organisée par des associations à Paris.

Second axe de l'intimidation: l'Église catholique ferait mieux, selon eux, de se taire. Le rapporteur de la loi, Erwann Binet disqualifie à l'avance toute critique puisque l'institution du mariage est en «déclin». L'Église n'est donc plus dans le sens de l'histoire. Elle n'a plus d'autorité. D'autant que les courbes du nombre de mariages et celles des pacs «se croiseront» bientôt. Au détriment du mariage.

Sa consœur socialiste, Marie-Françoise Clergeau, attaque «Jean XXIII» - il faudra lui glisser à l'oreille que le cardinal Vingt-Trois n'est pas le pape Jean XXIII mort en 1963! - sur la division interne dans l'Église catholique. N'a-t-elle pas lu dans la presse locale, le point de vue d'un «ancien moine cistercien», Claude Besson, en faveur du mariage homosexuel…

Le député radical de gauche, Alain Tourret - l'un des cinq signataires de la loi d'initiative parlementaire sur le pacs, il y a dix ans - sera le plus véhément. L'Église «appuie son pouvoir» sur l'institution du mariage. Elle «s'est trompée à chaque fois». La fracture avec l'opinion est «totale». L'Église n'a pas digéré «la rupture de 1792» où s'est imposé le mariage civil. Prenant à parti chacun des représentants religieux présents, il assène que tous ont été victimes de cette machine à «exclusion» qu'est, selon lui, l'Église catholique. Et pour finir Jean-Yves Le Bouillonnec (député PS du Val-de-Marne), assurera que «jamais» l'Église et les religions n'auraient défendu un combat pour «l'égalité».

Une déferlante qui prouve combien la mobilisation en préparation pour la grande manifestation de janvier inquiète sérieusement le pouvoir.

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171 commentaires
  • lebrun10

    le

    @ eol77 Votre référence à Jospin et Guigou est fort opportune : < Le mariage et l'adoption pour les couples de même sexe visent moins à combler un vide juridique qu'à donner à une fiction anthropologique les apparences de la réalité. Quitte à tordre la définition de nos principes fondateurs. Lionel Jospin, pour lequel je n'ai pas d'estime particulière, ne s'y était pas trompé et avait rapidement marqué son hostilité au mariage gay, écrivant en 2004 dans le Journal du dimanche: « Le mariage est, dans son principe et comme institution, l'union d'un homme et d'une femme. [...] On peut respecter la préférence amoureuse de chacun sans automatiquement institutionnaliser les moeurs ». Concernant l'adoption, Élisabeth Guigou, qui ne peut guère être taxée de participation à la réaction « bourgeoise », avait fort justement déclaré, en 1998, alors qu'elle défendait le PACS devant l'Assemblée : « Pourquoi l'adoption par un couple homosexuel serait-elle une mauvaise solution ? Parce que le droit, lorsqu'il crée des filiations artificielles, ne peut ni ignorer ni abolir la différence entre les sexes. [...] Mon refus de l'adoption pour des couples homosexuels est fondé sur l'intérêt de l'enfant, sur son droit à un milieu familial où il puisse structurer son identité et épanouir sa personnalité. »

  • domnin Courbons

    le

    Le mépris et l'agressivité avec les quels les députés de gauche ont traité les religions lors de l'audition sur le mariage gay m'ont décidé à manifester le 13/1. Non pas que je sois très concerné par les gay. Chacun est libre de ses choix. Ni leur mariage, mi même leurs adoptions ne me dérangent. Le seul point qui me gêne vraiment c'est l'abandon de la filiation naturelle dans le code civil, y compris pour les hétéros. Le code civil permet pourtant des solutions techniques qui prendraient en compte la nouvelle parenté sans supprimer la filiation naturelle. Mais l’égalitarisme totalitaire des idéologues en a décidé autrement... Ce problème en soi ne serait pas suffisant pour me faire sortir dans la rue. En revanche j'ai décidé de manifester contre l’anticléricalisme et contre la gauche. La prestation de ces députés le 29/11 à l'Assemblée est caricaturale de cet obscurantisme moderne incapable de voir autre chose que sa propre vérité. La religiosité est un phénomène humain massif depuis l'aube des temps qu'il est stupide de nier et vain d’essayer d’abolir. Des dizaines de millions de français sont croyants. La députation n'autorise pas à utiliser l'Assemblée Nationale pour insulter les religions ou faire sa propre propagande anticléricale. Je serais dans la rue ce 13/1 pour dénoncer la stupidité, la tyrannie et l'idéologie gauchotte franchouillarde, la plus ringarde de la planète. Ce sont ces députés de gauche qui m'y ont décidé, et je les en remercie.

  • E6O8

    le

    Le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe visent moins à combler un vide juridique qu’à donner à une fiction anthropologique les apparences de la réalité. Quitte à tordre la définition de nos principes fondateurs. Lionel Jospin, pour lequel je n’ai pas d’estime particulière, ne s’y était pas trompé et avait rapidement marqué son hostilité au mariage gay, écrivant en 2004 dans le Journal du dimanche: « Le mariage est, dans son principe et comme institution, l’union d’un homme et d’une femme. […] On peut respecter la préférence amoureuse de chacun sans automatiquement institutionnaliser les mœurs ». Concernant l’adoption, Élisabeth Guigou, qui ne peut guère être taxée de participation à la réaction « bourgeoise », avait fort justement déclaré, en 1998, alors qu’elle défendait le PACS devant l’Assemblée : « Pourquoi l’adoption par un couple homosexuel serait-elle une mauvaise solution ? Parce que le droit, lorsqu’il crée des filiations artificielles, ne peut ni ignorer ni abolir la différence entre les sexes. […] Mon refus de l’adoption pour des couples homosexuels est fondé sur l’intérêt de l’enfant, sur son droit à un milieu familial où il puisse structurer son identité et épanouir sa personnalité. »

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