Droit de vote des étrangers: les doutes de Najat Vallaud Belkacem

Droit de vote des étrangers: les doutes de Najat Vallaud Belkacem

    Le droit de vote des étrangers officiellement repoussé ? Pour la première fois un ministre-et non des moindres- puisqu'il s'agit de la porte-parole du gouvernement a exprimé publiquement des «doutes» sur le calendrier. Sur Radio Classique, Najat Vallaud Belkacem a estimé difficile que les étrangers puissent voter dès les élections municipales de 2014. «J'avoue avoir quelques doutes car cela signifierait que nous adoptions le texte d'ici le printemps 2013» a-t-elle déclaré. «Aujourd'hui il est prématuré de parler d'un calendrier, y compris pour répondre sur la question de 2014», a ajouté Belkacem.

    Mi septembre, François Hollande avait pourtant expliqué qu'un projet de loi serait présenté «l'année prochaine». Pour faire adopter le droit de vote des étrangers non communautaires, le gouvernement a besoin des 3/5 du Parlement , indispensable pour changer la Constitution. La porte-parole du gouvernement a poursuivi en déclarant que la présentation du texte n'était pas «exclue si nous sentions que l'opportunité se présentait et les esprits étaient prêts». Pour l'instant le gouvernement pense qu'il n'aura pas la trentaine de voix de droite indispensables pour y arriver.

    «Un recul supplémentaire»

    Les propos et les «doutes» de Belkacem ont fait réagir à l'Assemblee. Le député de l'Essonne Malek Boutih s'est dit satisfait. «La raison est en train de l'emporter au gouvernement» a-t-il lancé, jugeant que les étrangers eux-mêmes ne voyaient pas d'urgence, préférant que le gouvernement s'occupe d'abord de l'école et de l'emploi. «L'engagement sera tenu, a assuré la ministre Michèle Delaunay. Mais tout le débat est de savoir si on ne sera pas taxé d'électoralisme en permettant ce droit de vote dès les municipales de 2014».

    Les députés socialistes signataires d'une pétition fin août pour rappeler cet engagement sont eux toujours aussi déterminés. «On va lancer une campagne sur la question à partir de janvier, a confié l'un d'eux. Si on repousse à après 2014 qui nous dit que la gauche sera encore majoritaire au Sénat à ce moment-là ?».

    Même écho chez les écologistes. «Cette promesse date de 1981, elle a été repoussée par tous les gouvernements, a regretté Noël Mamère. C'est un recul supplémentaire, les écologistes se battront pour que cette loi passe en 2013. Sinon elle sera repoussée aux calendes grecques».