Ã?lysée : le grand mercato de Hollande

Le président chamboule en profondeur son cabinet. Parmi les nouveaux venus, la journaliste de Canal + Nathalie Iannetta et l'économiste Laurence Boone, qui n'a pas toujours été tendre avec la politique présidentielle.

Ã?lysée : le grand mercato de Hollande

    Remaniement élyséen, acte II : voilà la photo du cabinet que François Hollande avait recruté en mai 2012 quasiment effacée. Il ne reste presque plus aucun conseiller des débuts de la « présidence normale », définitivement enterrée. Après le récent départ du secrétaire général Pierre-René Lemas, remplacé par Jean-Pierre Jouyet, et l'exfiltration forcée du conseiller spécial Aquilino Morelle, l'Elysée a confirmé hier un nouveau turnover.

    Trois autres conseillers vont démissionner : l'ex-judoka Thierry Rey (Sport, remplacé par la journaliste de Canal + Nathalie Iannetta), David Kessler (Culture, à qui succède Audrey Azoulay) et surtout le conseiller économique -- et numéro deux du palais -- Emmanuel Macron (l'économiste Laurence Boone arrivera en juillet). « C'est normal, après deux ans, les gens sont lessivés, le rythme est dingue », témoigne un membre du cabinet. Mais il n'y a pas que cela. Le climat est plus que morose à l'Elysée, en ces temps de tempête économique et d'impopularité.

    Sérillon retenu...

    En interne, certains conseillers ont des semelles de plomb et s'en cachent à peine. Et les méthodes du « DRH » Hollande, pas réputé pour remercier souvent ses troupes et habitué à doublonner les postes au nom du vieux principe « diviser pour mieux régner », n'arrangent rien à l'affaire. « François, quand un proche est en difficulté, il peut le regarder comme une tortue tombée sur le dos pour voir en combien de temps il va se retourner ! », éreinte un ami. « Comme on dit chez moi, il est dur à traire ! », lâche un autre. Le cas de Claude Sérillon en est la parfaite illustration. Hier, son départ de l'Elysée a été évoqué, puis démenti. C'est Hollande qui aurait demandé à son ami de rester. Depuis des mois, l'ex-présentateur du JT peine à trouver sa place, un peu sur la touche, au point que certains le surnomment le « fantôme de l'Elysée » ou « le préposé à la cravate de travers ». « Son nom ne figure même pas sur l'organigramme de la nouvelle équipe com », dirigée par le jeune Gaspard Gantzer, s'offusque un de ses proches.

    ... Macron sort par le haut

    L'affaire est totalement différente pour le talentueux conseiller économique Emmanuel Macron, 37 ans, surnommé la Ferrari, qui sort par le haut. Son départ était calé avec Hollande de longue date, même si ce dernier a tenté de le retenir. Macron a toujours confié qu'il resterait deux ou trois ans. « Ã?a s'est fait d'un commun accord avec le président », nous a confié hier soir Emmanuel Macron, qui confesse certes avoir commis des «  erreurs et des maladresses  », mais « j'ai toujours dit ce que je pensais au chef de l'Etat. » Cet ancien de la banque Rothschild, qui a beaucoup oeuvré à la conversion sociale-démocrate du président, devrait enseigner et donner des conférences à l'étranger. Il n'exclut pas non plus de se lancer «  dans une activité entrepreneuriale à l'avenir.  » Qui sera le prochain à partir ? Le cas de Faouzi Lamdaoui, conseiller de second rang chargé de la diversité, soupçonné de fraude fiscale, était hier à l'arbitrage.