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Affaire DSK : les dollars d'une paix peu glorieuse

Éditorial. Si l'argent a clos, définitivement, le volet judiciaire de l'affaire du Sofitel, il n'aura pas lavé l'indignité.

Par Editorial

Publié le 11 décembre 2012 à 11h30, modifié le 11 décembre 2012 à 17h07

Temps de Lecture 2 min.

Si l'accord avec Nafissatou Diallo est finalisé, il mettra fin à la procédure civile, et à dix-huit mois d'une formidable saga judiciaire aux Etats-Unis, qui a coûté à DSK son poste à la tête du FMI et ses ambitions présidentielles en France.

L'argent a donc clos, définitivement, l'affaire du Sofitel de New York. Hormis Dominique Strauss-Kahn et Nafissatou Diallo, personne ne saura ce qui s'est passé précisément, le 14 mai 2011, dans la trop fameuse suite 2806, entre la femme de chambre de l'hôtel et celui qui était alors directeur général du Fonds monétaire international et quasi candidat à l'élection présidentielle française de 2012. Personne ne saura si la "relation sexuelle précipitée" qui eut lieu ce jour-là était forcée ou consentie.

Faute de preuves matérielles assez convaincantes, le procureur de New York a classé l'affaire au plan pénal le 23 août 2011. Restait le volet civil. Il est désormais refermé : les avocats des deux parties sont parvenus, le 10 décembre, à un accord financier qui met un terme à ce scandale planétaire. Une telle procédure est très fréquente aux Etats-Unis ; elle est couverte, tout aussi banalement, par une clause d'absolue confidentialité sur le montant de la transaction.

Le rideau est tombé sur cette pièce peu reluisante. Reste un ahurissant et humiliant gâchis.

Pour M. Strauss-Kahn, évidemment. Utilisant toutes les ressources de la justice américaine, il n'aura pas pris le risque d'un procès public – et n'aura donc jamais été complètement innocenté. Contraint de quitter dans des conditions infamantes la direction du FMI, comme de renoncer à toute ambition politique, il laissera l'image, indélébile, d'un des hommes les plus puissants de la planète sortant menotté du commissariat d'Harlem pour être jeté dans le pénitencier de Rickers Island.

Pour sa famille, otage de ses pulsions et de ses dérapages. Pour son entourage, prisonnier sinon complice de ses imprudences. Des "imprudences" dont l'affaire française du Carlton de Lille – dans laquelle il reste mis en examen pour "proxénétisme aggravé en bande organisée", dans l'attente d'une décision de la cour d'appel de Douai, qui doit intervenir avant Noël – a fourni une nouvelle démonstration.

Pour Nafissatou Diallo, enfin. Cette jeune femme, mère d'une petite fille, originaire de Guinée, 33 ans aujourd'hui, a été contrainte d'arrêter son travail au Sofitel.

Depuis dix-huit mois, elle vivait recluse, protégée par la justice américaine mais rejetée par sa communauté, dans l'attente du règlement d'une affaire qui aura bouleversé sa vie.

Ainsi l'argent aura acheté le silence et permis de négocier l'extinction des poursuites de la justice américaine. Il aura permis de signer une paix peu glorieuse.

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Mais l'argent n'aura pas lavé l'indignité. Ni pour Dominique Strauss-Kahn, ni pour Nafissatou Diallo. La vie de l'un aura été brisée. Impitoyablement. Par sa faute, sa "faute morale", comme il l'avait lui-même admis à la télévision, en septembre 2011. La vie de l'autre est désormais à reconstruire. Pour elle, c'est la moindre des justices.

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