Une quinzaine d'élus PS appellent Hollande à renouer avec les ouvriers

Une quinzaine de députés et d'élus socialistes implorent François Hollande, dans une lettre publiée ce matin, de ne pas sacrifier « l'urgence sociale ». «Le pouvoir d'achat ne doit pas être la variable d'ajustement», rappelle l'un d'entre eux.

Une quinzaine d'élus PS appellent Hollande à renouer avec les ouvriers

    Le divorce est-il consommé entre l'Elysée et les ouvriers? Alors que François Hollande est attendu aujourd'hui dans une entreprise de Château-Renault (Indre-et-Loire) pour une « rencontre avec les salariés », certains s'en inquiètent au sein de la majorité. Une quinzaine de députés et d'élus PS (Laurent Baumel, Indre-et-Loire; Philippe Doucet, Val-d'Oise; Jacques Valax, Tarn; Isabelle Bruneau, Indre; Christian Assaf, Hérault, etc.) publient ce matin un appel au président pour que celui-ci modifie son cap en tenant compte de « l'aspiration légitime des salariés et des ouvriers modestes à améliorer leurs conditions de vie matérielles ». Un appel qui intervient à la veille du dîner de Hollande avec l'Association française des entreprises privées, qui regroupe la quasi-totalité du CAC 40,

    Pour ces députés de base, issus pour certains des anciens réseaux de Dominique Strauss-Kahn, les défaites de ce week-end aux législatives partielles de l'Hérault, des Hauts-de-Seine et du Val-de-Marne (lire ci-dessous) résonnent comme un coup de semonce. « Elles témoignent d'une forte démobilisation, notamment de l'électorat populaire », écrivent les parlementaires, qui s'alarment du « scepticisme croissant des couches populaires et moyennes » à l'égard de la politique du gouvernement, alors qu'elles « ont joué un rôle clef dans l'élection de François Hollande ». Dans ce désamour naissant, l'affaire Florange a joué un rôle déclencheur. Selon un sondage paru hier dans le « JDD », la popularité de Hollande chute ainsi après l'accord avec Mittal pour « sauver » les hauts-fourneaux : - 4% chez les ouvriers, - 5% pour les professions intermédiaires. Sans remettre en cause ni le redressement budgétaire, ni le pacte de compétitivité en faveur des entreprises, les auteurs de cet appel s'inquiètent de voir sacrifier « l'urgence sociale ».

    Hausse continue du chômage, explosion des inégalités, stagnation du pouvoir d'achat, etc. « L'agenda du redressement ne saurait entraver celui de l'indispensable redistribution », préviennent les auteurs. En clair, attention à la dérive sociale libérale. Sauf à connaître le sort de Nicolas Sarkozy. « Si le président ne veut pas perdre l'esprit du Bourget (NDLR : le meeting du 22 janvier qui lança la campagne de Hollande), mieux vaut revenir aux fondamentaux », conseille le secrétaire national du PS, François Kalfon, pour qui « le pouvoir d'achat ne doit pas être la variable d'ajustement du quinquennat ».

    Hollande et le gouvernement sont pressés de « remettre l'agenda économique et social en tête des priorités ». Inutile ainsi de s'attarder trop longtemps sur des réformes sociétales type « mariage pour tous ». Et les députés de rappeler à Hollande son engagement numéro 14, celui de la réforme fiscale permettant « la fusion à terme de l'impôt sur le revenu et de la CSG dans le cadre d'un prélèvement simplifié sur le revenu ». Une mesure qui rendrait davantage progressifs ces deux prélèvements. « Aucune contrainte technique ni budgétaire n'empêche de mettre en Å?uvre une telle réforme si la volonté politique existe », estiment les signataires, pour qui « il est possible et juste, sans pertes de recettes pour l'Etat, d'augmenter de plusieurs centaines d'euros par an le pouvoir d'achat des ménages modestes ». Le prix à payer pour éviter le divorce avec les catégories populaires.