MARSEILLE -  Le sénateur PS des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guerini, a été mis en examen dans une affaire de marchés publics. Le juge veut lever son immunité parlementaire.

MARSEILLE - Le sénateur PS des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guerini, a été mis en examen dans une affaire de marchés publics. Le juge veut lever son immunité parlementaire.

L'Express

Nouvelle demande de levée de l'immunité parlementaire de Jean-Noël Guérini. Elle a été transmise à la Chancellerie alors que le sénateur PS n'avait pas eu affaire à la justice depuis des mois et s'était remis en selle politiquement après le comité interministériel sur Marseille.

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Cette requête du juge Charles Duchaine à l'encontre du président du conseil général des Bouches-du-Rhône, mis en examen depuis septembre 2011 dans une affaire de marchés publics impliquant son frère Alexandre, patron de décharges, a été relayée par le parquet général d'Aix-en-Provence le 9 novembre, a précisé une source judiciaire, confirmant une information de France 3.

Le Sénat avait déjà levé partiellement, le 15 mars, l'immunité du sénateur. A l'époque, Jean-Noël Guérini, poursuivi pour trafic d'influence, prise illégale d'intérêt et association de malfaiteurs, avait refusé un temps de répondre aux questions du juge Duchaine. Celui-ci avait obtenu de pouvoir l'y contraindre, le cas échéant, par un mandat d'amener.

L'élu, âgé de 61 ans, avait finalement été entendu en mars, avant la décision du Sénat. Cette fois, le magistrat souhaiterait pouvoir le placer en garde à vue, dans un dossier connexe à celui dans lequel il est déjà mis en examen et qui touche, lui aussi, à des marchés publics.

Une convocation? "Ce sera avec plaisir"

"Moi je réponds à chaque fois à toutes les convocations du juge, et ce sera avec plaisir si cela (la nouvelle demande de levée d'immunité, NDLR) s'avère exact", a réagi M. Guérini, qui s'était mis en retrait du PS après sa mise en examen mais a toujours refusé de quitter la tête du département.

"Il n'y a pas de problème, je répondrai à toutes les questions de M. le juge avec plaisir, car je n'ai rien à cacher. Le conseil général est très bien géré, dans la rigueur et la transparence. Regardez, je suis très serein, surtout quand vous n'avez rien à vous reprocher", a-t-il dit.

Ces derniers mois, l'affaire, qui avait éclaté fin 2009, n'avait guère fait parler d'elle, la justice progressant davantage dans un dossier connexe. Il porte sur une nébuleuse de sociétés ayant remporté des marchés auprès de collectivités de la région et dont les dirigeants sont soupçonnés d'être liés à des membres du grand banditisme marseillais, tout en étant des relations d'Alexandre Guérini, frère de Jean-Noël.

Pressions ou soutiens

Deux entreprises aujourd'hui liquidées - l'une opérant dans le BTP et l'autre dans le gardiennage - avaient notamment contracté, à hauteur de plusieurs millions d'euros, avec le conseil général des Bouches-du-Rhône et ses antennes. Et ce, suspecte la justice, grâce à des pressions ou des soutiens en interne. L'enquête a également mis en évidence un pot-de-vin versé par une autre société pour obtenir un chantier de maison de retraite dans le département.

En octobre, des cadres du département et de son office HLM, Treize Habitat, avaient été entendus par les enquêteurs sur ces marchés. Parmi eux figurait un proche de M. Guérini, ancien directeur général adjoint du conseil général, devenu récemment directeur de Treize Habitat.

Ce nouvel épisode intervient alors que l'ancien homme fort du PS dans le département avait presque réussi à faire oublier ses ennuis judiciaires.

En annonçant un partenariat de 100 millions d'euros avec Marseille au lendemain du comité interministériel du 6 septembre sur la deuxième ville de France, M. Guérini, persona non grata depuis un an, avait été reçu à la préfecture par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Un retour en grâce très mal vu de ses ennemis locaux.

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