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L'Europe devient un producteur majeur de cannabis

L'étude annuelle de l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies souligne par ailleurs le développement des drogues de synthèse et la baisse de la consommation de cocaïne et d'héroïne.
par Michel Henry
publié le 15 novembre 2012 à 9h59

Développement des drogues de synthèse, baisse de la consommation d’héroïne et de cocaïne, et transformation de l’Europe en terre productrice de cannabis : ce sont les dernières tendances relevées par l’agence sur les drogues de l’UE dans son rapport annuel publié aujourd’hui à Lisbonne. Détails.

Les drogues de synthèse pullulent

Selon l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), les drogues de synthèse se multiplient. Elles deviennent «interchangeables», sont «difficiles à contrôler», et leurs usagers n'ont «pas toujours conscience des risques qu'ils encourent». 50 nouvelles drogues ont déjà été détectées en 2012. Nombre d'entre elles appartiennent au groupe des cathinones de synthèse (comme la méphédrone et le MDPV), dont les effets imitent ceux de la cocaïne. Autres produits en vogue: les cannabinoïdes de synthèse, comme le Spice.

Le business fleurit sur l'Internet : l'OEDT a répertorié 693 sites en ligne qui vendent des euphorisants présentés comme légaux, contre 170 en 2010. Trois produits naturels (le kratom, la salvia et les champignons hallucinogènes) sont en tête des dix euphorisants les plus vendus en ligne. Les sept autres substances sont des produits de synthèse.

L'ecstasy et les amphétamines toujours en vogue

L'ecstasy reste répandue. 11,5 millions d'Européens (15 à 64 ans) en ont consommé au cours de leur vie. Près de 2 millions d'entre-eux en ont fait usage au cours de l'année passée. La MDMA, forme la plus connue d'ecstasy, est de retour, après une période de pénurie due notamment à «l'introduction de mesures efficaces pour limiter le détournement du PMK, le précurseur chimique nécessaire à sa fabrication». Les fabricants d'ecstasy ont désormais trouvé des substances chimiques alternatives.

Sur les amphétamines (consommés par 13 millions d'Européens de 15 à 64 ans au cours de leur vie, et près de 2 millions au cours de ces douze derniers mois), la méthamphétamine est en hausse. L'OEDT s'inquiète de la progression du stimulant 4-méthylamphétamine (4-MA), en cause dans plusieurs décès.

L’Europe devient un «producteur majeur» de cannabis

Evolution «majeure» sur le marché du cannabis européen, la tendance générale est au «remplacement des importations»: le cannabis cultivé en Europe se substitue au cannabis importé. Il suffit d'entrer dans un coffee-shop aux Pays-Bas pour le constater : de plus en plus, on produit et on vend local. Le Maroc devrait commencer à s'inquiéter.

Le marché est stable, côté demande : 80,5 millions d'Européens âgés de 15 à 64 ans ont expérimenté le cannabis au cours de leur vie. Près de 23 millions en ont consommé dans l'année. 3 millions en consomment quotidiennement, c'est un sujet de «préoccupation» pour l'OEDT : «L'optimisme que peut susciter la stabilisation des niveaux de consommation doit être tempéré, cette substance demeurant à l'origine d'un important problème de santé publique. Près de 25 % des usagers débutant un traitement déclarent que le cannabis est la drogue leur posant le plus de problèmes.»

La cocaïne et l'héroïne en baisse

15,5 millions d'Européens (âgés de 15 à 64 ans) ont pris de la cocaïne au cours de leur vie. 4 millions en ont consommé au cours des douze derniers mois. Mais il y a un déclin, peut-être dû à la pitoyable qualité du produit disponible. La coke vendue a un très faible taux de pureté. Les usagers se tournent donc vers d'autres produits plus efficaces. Côté saisies, la baisse est conséquente : 61 tonnes saisies en 2010 contre 120 tonnes en 2006.

L'offre et la demande d'héroïne sont en baisse. Une explication ? La moitié du 1,4 million de consommateurs d'opiacés répertoriés dans l'UE et en Norvège ont accès à un traitement de substitution, ce qui élimine une partie de la demande. Il y a aussi moins de nouveaux consommateurs : le nombre de personnes entamant pour la première fois un traitement spécialisé est passé de 51 000 en 2005 à 46 000 en 2010, après avoir atteint en 2007 61 000 personnes.

Les décès ont baissé, passant de 7 600 en 2009 à 7 000 en 2010. Mais les usages problématiques demeurent, notamment celui du fentanyl, un opiacé de synthèse plus puissant que l'héro, associé à des overdoses et des morts.

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