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«Les barons du PS ont une attitude arrogante»

Pascal Durand, secrétaire national d'Europe Écologie-Les Verts, lundi à Paris. FRANCOIS BOUCHON

INTERVIEW - Pour Pascal Durand, secrétaire national d'EELV, certains socialistes ont «une vision datée de la politique».

LE FIGARO. - Quel bilan tirez-vous de ces premiers mois dans un pacte gouvernemental?

Pascal DURAND. - Nous sommes entrés dans cette majorité en situation de faiblesse électorale, après les élections présidentielle et législatives, ce qui rend notre position délicate. Nous sommes au plan local en partenariat avec le PS depuis très longtemps et là, nous sommes perçus comme légitimes. Personne ne remet en cause notre présence. Au niveau national, il faudrait être aveugle pour ne pas voir que, pour beaucoup, les écologistes n'ont pas la même légitimité. Il nous reste un énorme travail à faire pour être acceptés comme de véritables acteurs. Les écologistes portent pourtant un grand nombre de solutions qui répondent aux crises actuelles et qui préparent l'avenir, à condition de commencer maintenant. On ne préparera pas la France de 2030 en 2029.

Beaucoup au PS estiment que l'accord conclu avec EELV est trop à votre avantage.

Il est indispensable de ne pas raisonner simplement en terme de quantité mais de qualité. Les socialistes pensent-ils avoir dans leur seul projet les réponses parfaites et totales aux crises que nous traversons? Ceux qui nous critiquent n'examinent pas le contenu réel des accords. Je veux croire à une autre logique que le simple rapport de forces. Nous apportons à la majorité présidentielle notre vision et notre projet, qui ne sont pas réductibles aux leurs. Qu'on nous respecte pour ce que nous sommes. Je constate que ceux qui nous critiquent ont souvent une vision comptable et datée de la politique, où des barons sont seuls maîtres à bord dans leur région ou dans leur ville. Or, cette attitude arrogante les empêche de construire les réponses politiques à la hauteur des enjeux du nouveau siècle. De ce point de vue, il est parfois bien difficile de distinguer certaines personnalités du PS de leurs homologues de l'UMP.

Le gouvernement a-t-il la bonne méthode?

On nous a promis une grande réforme de la fiscalité pour 2013. J'attends de voir et j'espère que le gouvernement sera au rendez-vous. Est-ce que, notamment, le gouvernement aura le courage de s'attaquer aux niches fiscales liées à l'énergie? De Gaulle et Pompidou ont su mobiliser les moyens de la recherche publique pour construire une filière nucléaire. Je demande à nos partenaires socialistes d'avoir la même vision et le même niveau d'ambition pour en sortir et développer en France une nouvelle industrie autour des énergies renouvelables. La France des années 2000 mérite autant que celle des années 1960.

Au sein d'EELV, Europe Écologie de Dany Cohn-Bendit s'oppose-t-elle aux Verts de Jean-Vincent Placé?

Je rappelle que je suis issu d'Europe Écologie et je n'ai jamais été adhérent des Verts. Et pourtant, je dirige ce mouvement. C'est réducteur d'opposer les gentils Europe Écologie aux méchants Verts. Le monde est plus complexe. J'invite surtout les uns et les autres à cesser de cultiver le nombrilisme et à sortir de l'entre-soi. Les écologistes ne sont jamais meilleurs que lorsqu'ils sont unis pour répondre aux vrais problèmes.

Jean-Luc Mélenchon raille beaucoup votre mouvement. Que lui répondez-vous?

On ne fait pas, comme lui, le pari de l'échec de cette majorité. Mélenchon se pose en recours. Pas nous. Je n'ai aucun complexe vis-à-vis de lui. Nous avons une divergence majeure avec les objectifs productivistes de la vieille gauche. Il y a des simplifications dans les postures et les discours de Mélenchon qui ne sont pas les nôtres. Je suis pour plus de justice sociale, certes, mais je suis aussi pour respecter aussi bien les entrepreneurs que les salariés, car ce sont eux, ensemble, qui font vivre le pays. On ne réussira pas les uns contre les autres ou en attisant les tensions. Au-delà des postures, je souhaite que cette majorité réussisse et propose au pays un horizon. Les Français qui subissent la crise peuvent admettre des sacrifices, à condition qu'on leur donne une espérance. On ne peut pas avoir comme seul espoir la réduction des déficits publics.

Le traité européen a montré que les ministres écolos étaient mal à l'aise dans cette majorité. Devaient-ils quitter le gouvernement?

Il n'en a jamais été question et il est naturel que des débats s'instaurent au sein même de la majorité. C'est à l'honneur de la politique de savoir faire des compromis sans être dans la compromission. Cécile Duflot et Pascal Canfin ont l'ambition légitime de réussir en tant que ministres. Ils veulent montrer que les écologistes peuvent apporter à ce gouvernement une valeur ajoutée et je suis, avec l'ensemble d'EELV, à leurs côtés.

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58 commentaires
  • xoriteia001

    le

    C est tout de même faire preuve de faiblesse intellectuelle pour ne pas admettre que dans ce gouvernement , au sénat et enfin à l assemblée ils ne sont que la troisième roue de la charette...et encore je suis gentil !
    Pauvre France.... tu marches au RADAR !!!

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