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Droit de vote des étrangers : un boulet pour Hollande

Après le psychodrame estival du traité européen, c'est une nouvelle pomme de discorde entre le gouvernement et sa majorité.

Depuis que la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a laissé entendre, la semaine dernière, que le projet de loi sur le droit de vote des étrangers aux élections locales pourrait être reporté après les municipales de 2014, les ­mises en garde se multiplient au PS. Elles ont redoublé à Toulouse, plusieurs ténors du parti montant en première ligne.

«Sur le droit de vote des étrangers, je serai d'une grande tristesse si nous n'arrivons pas à l'appliquer d'ici à 2014», a lancé samedi l'ancienne première secrétaire Martine Aubry. Le ministre délégué chargé de l'Économie sociale et solidaire, Benoît Hamon, bien décidé à reprendre la main alors qu'il se sait en perte de vitesse parmi ses anciens amis de l'aile gauche du PS, a enfoncé le clou: «Cet engagement-là n'est pas ouvert à la négociation avec je ne sais qui», a-t-il martelé devant les militants, qu'il sait très attachés à l'engagement numéro 50 du candidat Hollande. «Il est des symboles dont l'impact sur la cohésion sociale est bien plus important que les quelques milliards du budget de l'État», a-t-il poursuivi. Le ministre s'est même dit prêt à «faire campagne» parmi les parlementaires pour les convaincre. La députée de Seine-Saint-Denis et ancienne garde des Sceaux Élisabeth Guigou, qui lui succédait à la tribune, a remis ça: «Tenons nos engagements!» a-t-elle tranché.

Partie «perdue d'avance»

Ces mises en garde ont laissé Jean-Marc Ayrault de marbre. Le premier ministre n'a pas eu un mot sur le sujet, samedi, à la tribune, préférant s'attarder sur le non-cumul des mandats, autre symbole plébiscité par les militants. À droite, on se gargarise de cette frilosité gouvernementale sur un sujet hautement symbolique, promis par François Mitterrand il y a trente ans et jamais mis en œuvre.

Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, prédit une nouvelle «reculade». François Hollande et Jean-Marc Ayrault savent en effet qu'il leur sera difficile d'obtenir les deux tiers des voix des parlementaires sur ce texte qui exige que l'on modifie la Constitution. Une partie «perdue d'avance», n'hésite pas à conclure le maire de Lyon, Gérard Collomb. Quant au référendum, le président, qui redoute un désaveu, n'en veut pas.

Soucieux d'imprimer sa marque, pour son premier discours de premier secrétaire, Harlem Désir s'est emparé du sujet, dimanche. «Oui, a-t-il lancé, nous nous battrons pour le droit de vote aux élections locales! C'est une question de dignité républicaine, d'égalité et de fraternité.» Sur la version papier de son discours, Désir était bien plus affirmatif: «Oui, nous donnerons le droit de vote aux étrangers», avait-il prévu de dire. Comme si le patron du PS avait déjà pris acte du recul de l'exécutif.

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