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PMA : un amendement contesté au sein du groupe PS

Bruno Le Roux, président du groupe PS à l'Assemblée, a coupé court aux débats après une seule intervention. François BOUCHON/Le Figaro

Trente députés ont signé une pétition contre la procréation médicalement assistée.

Des députés socialistes divisés. Plus que jamais, les élus PS s'opposent sur l'introduction de la procréation médicalement assistée (PMA) dans le projet de loi sur le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels. Un amendement ouvrant la PMA aux couples de femmes mariées a été adopté mercredi matin au sein du groupe socialiste par 126 voix contre 61 et une abstention, soit moins de la moitié de l'ensemble du groupe (296 députés en comptant les apparentés).

Les députés présents ont voté sans connaître le contenu exact de l'amendement, dont la rédaction s'avère délicate pour le rapporteur PS Erwann Binet, avant son examen en commission des lois, prévu du 15 au 17 janvier. Et, soucieux d'aller vite, Bruno Le Roux a coupé court aux débats après la seule intervention de Corinne Narassiguin, présidente du groupe de travail sur l'ensemble du texte, alors qu'une vingtaine de députés socialistes voulaient intervenir.

Le président du groupe PS, qui a lui-même été surpris par l'ampleur des votes contre, a par la suite indiqué qu'il allait «continuer le débat avec le gouvernement». À plusieurs reprises, Jean-Marc Ayrault a souligné que le sujet de la PMA serait étudié dans une future loi sur la famille.

Dans un premier temps, les partisans de l'introduction de la PMA se sont réjouis. Harlem Désir, le premier secrétaire du PS, y est favorable. Erwann Binet a souligné que «tous les pays qui ont adopté le mariage et l'adoption ont aussi prévu la PMA, pour une question de cohérence». Corinne Narassiguin veut aller plus loin, et ouvrir la PMA aux femmes seules.

«Ce sujet relève de la médecine»

Porte-parole du groupe, Annick Lepetit a reconnu que certains élus avaient ­besoin de parfaire leur connaissance du dossier. Les opposants ont aussi donné de la voix. «Ce projet ne concernait que le Code civil. Là, il relèvera aussi du Code de la santé publique. La PMA relève du domaine médical, on veut en faire un sujet ­sociétal», a dénoncé Gérard Bapt.

L'ancienne ministre Élisabeth Guigou et le spécialiste des questions bioéthique au PS, Alain Claeys, sont sur la même ligne. «La PMA n'a rien à faire dans un texte ­sociétal. Ce sujet relève de la médecine et de l'éthique», dénonce encore Pascal Terrasse.

Proche du premier ministre, Olivier Faure, qui a voté contre lui aussi, va plus loin: «On est en train de se mettre une épine dans le pied. On avait l'ensemble de la gauche rassemblée sur le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels. Si on introduit la PMA, on divise la gauche, et l'opposition se réunifie contre le texte.» Le député de Seine-et-Marne, qui souhaite que le sujet soit débattu lors d'une révision des lois bioéthiques, a invité Bruno Le Roux à «retirer l'amendement pour éviter un débat inutile à ce stade».

L'opposition à la PMA est montée d'un cran mercredi en fin d'après-midi. Une pétition signée par une trentaine de députés devait parvenir à Le Roux pour lui demander de retirer leur nom du texte. Ils y invoquent également leur liberté de conscience pour refuser de voter l'amendement PMA.

L'hostilité est aussi partagée par les présidents des groupes communiste et radicaux de gauche. «Il n'y a pas de droit à l'enfant. Ce “cavalier” risque la censure du Conseil constitutionnel», a dénoncé Roger-Gérard Schwartzenberg (PRG). Si l'amendement est adopté en commission des lois, il risque d'être repoussé par un amendement de suppression du groupe UMP en séance, à la faveur d'une majorité hétéroclite droite-gauche!

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35 commentaires
  • Floch23

    le

    Avec la PMA je redis aussi si on n ' a pas de donneur volontaire : *on choisit la couleur des yeux du donneur ? *on choisit la profession du donneur ? *on choisit sa taille , ses origines ... Bref tous ces choix associent de mauvais souvenirs de l' histoire . Avec la PMA : *on choisit la couleur des cheveux de la donneuse? *on choisit la mère porteuse dans un catalogue ? Personnellement je vais arrêter de perdre du temps . Des engagements n ' ont déjà pas été tenus par la gauche donc elle se dit celui -ci il nous le faut ...même si leur réflexion n ' a pas dépassé le bout de leur nez pour établir leurs propositions . Il fallait "ameuter" des votes pour gagner.. peu importe le contenu !! Beaucoup ont dit tout cela maintes fois aussi .

  • E6O8

    le

    Le gouvernement s'enferme dans la logique jusqu'au-boutiste promue par les activistes LGBT. Elle va bien au-delà des engagements de campagne du candidat Hollande, mais surtout de ce que les Français sont prêts à accepter. o Derrière le PACS se cachait déjà le mariage homosexuel. o Avec le mariage homosexuel va l'accès à l'adoption. o Derrière l'adoption vient de surgir la PMA. o Derrière la PMA se cache en fait la GPA, le recours aux mères porteuses, pourtant interdit à tous les couples, parce qu'il rabaisse le corps humain et l'enfant au rang de simples marchandises. Pourtant, ni le PS ni le gouvernement ne sont capables de construire le moindre argumentaire étayé, justifiant le bien-fondé de ce projet, et a fortiori d'en débattre. Ils en sont réduits à s'appuyer sur des "people" dont l'avis n'est pas plus éclairé, et doit être considéré comme nul et non avenu. Le gouvernement est en vérité en position de faiblesse et c'est pour cela qu'il cherche à confisquer le débat, et à imposer cette loi, contre l'avis des Français, en s'appuyant sur sa majorité parlementaire. Ce mépris à l'égard du peuple et du débat démocratique conduira le gouvernement à l'échec et ce projet aux oubliettes, pour le plus grand bien de la société française.

  • E6O8

    le

    Ceux qui, à l'instar de M. Cambadélis à gauche, ou de M. Riester à droite, prétendent, au nom de l'égalité, défendre uniquement le mariage et l'adoption pour tous font preuve d'une naïveté confondante. Ce projet est un tout dont la finalité est en vérité l'homoparentalité, c'est-à-dire le droit à l'enfant pour tous. Au détriment des Droits de l'enfant bien entendu. Il conduira inéluctablement, et à moyen terme, à la légalisation des mères porteuses. Même si le gouvernement s'en défend et entretient la confusion, le PS et les activistes ont toujours été très clairs sur ces revendications. Aussi les promoteurs de ce texte, quelle que soit leur étiquette politique, doivent dire très clairement à leur électeurs s'ils en mesurent toute la portée, et s'ils en cautionnent toutes les implications et extrémités, PMA et GPA inclues.

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