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Terra Nova propose des primaires à gauche pour 2014

Des militants socialistes lors de la primaire citoyenne, en octobre 2011. VALERY HACHE/AFP

Après la réussite de la primaire présidentielle, le club de réflexion, proche du PS, milite pour l'organisation de consultations ouvertes à l'ensemble des partenaires du PS dans un certain nombre de grandes villes. Un scénario qui ne fait pas l'unanimité.

Des «primaires de conquête». Derrière ce nom un peu pompeux se cache le nouveau projet de Terra Nova. Le cercle de réflexion, proche du PS, souhaite rééditer lors des municipales de 2014 le succès des «primaires citoyennes» dont il avait jeté les bases avant l'élection présidentielle. Dans un rapport d'une quarantaine de pages, le vice-président du think-tank, Jean-Philippe Thiellay, proche du PS, et le député socialiste Matthias Fekl estiment que les municipales sont «l'occasion d'adapter (…) l'expérience des primaires et de faire profiter l'ensemble de la gauche des leçons tirées des présidentielles». Ils voient dans un tel scrutin «trois bénéfices politiques majeurs»: «un outil de légitimation» pour «faire émerger un candidat connu», «un outil de mobilisation des militants», mais aussi la possibilité de «construire une majorité plus large et plus vivante».

Concrètement, Terra Nova propose l'organisation d'une consultation les 6 et 13 octobre prochain dans un certain nombre de grandes villes où la gauche n'est pas au pouvoir, comme Marseille ou Bordeaux, et dans des municipalités où un maire de gauche sortant ne se représente pas, comme Paris. Pour assurer un «filtrage des candidats», Terra Nova recommande de «demander aux candidats des “parrainages citoyens” (signatures d'électeurs inscrits sur les listes, NDLR), en retenant par exemple la limite de 1% du corps électoral». À titre d'exemple, cela représenterait 12.500 signatures à Paris.

Un scrutin ouvert, du PCF au Modem

Comme lors de la primaire présidentielle, le vote serait ouvert à tous les électeurs inscrits sur les listes électorales, ainsi qu'aux jeunes de 16 à 18 ans membres du PS ou d'un parti partenaire. Toujours sur le modèle du vote de 2011, le cercle de réflexion préconise la mise en place d'une «haute autorité des primaires» chargée de surveiller le bon déroulement du scrutin, puis d'arbitrer les résultats. Ces primaires locales seraient ouvertes à l'ensemble des partenaires du PS, «du PCF au MoDem». «Une opportunité pour montrer que la gauche a, en la matière, une avance sur la droite qui doit permettre de lancer la campagne et de conquérir de nouvelles municipalités», écrivent les auteurs du rapport, qui proposent aux partis partenaires de se décider en avril.

Qu'en pense le PS? Selon le député Matthias Fekl, «Harlem Désir semble très attaché» au concept. Le premier secrétaire du PS s'est récemment prononcé en faveur de primaires dans «toutes les villes où cela nous permettra de créer une dynamique», comme Marseille. Mais le patron de la rue de Solferino n'a pas évoqué l'organisation d'un scrutin ouvert à un large spectre allant de la gauche radicale au centre.

«Le MoDem est un parti de droite!»

L'initiative pourrait séduire l'aile gauche du MoDem, qui réfléchit en ce moment à un rapprochement avec la majorité socialiste. Le vice-président du parti, Jean-Luc Bennahmias, indique que le MoDem pourrait être partie prenante de primaires à gauche dans plusieurs villes, comme Marseille ou Aix-en-Provence. «Plus les majorités sont larges, mieux elles se portent!» assure-t-il, insistant sur le risque d'une poussée du Front national dans certains départements, comme le Gard ou le Vaucluse. Mais, pour le moment, François Bayrou entend privilégier en 2014 une politique d'alliance au cas par cas, comme il l'avait fait lors des municipales de 2008. Une stratégie à géométrie variable qui avait abouti à des accords avec le PS, à Lille par exemple, mais aussi avec la droite, comme à Toulouse.

Les partis de gauche accepteraient-ils de participer à des primaires aux côtés d'un parti qui s'allie localement avec l'UMP? «Certainement pas. Pour nous, le MoDem est à droite!» tranche Éric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Selon lui, l'initiative de Terra Nova est un «piège» tendu par le PS, qui «sait qu'il ne sera pas dans une situation facile dans un an». Il prône «l'autonomie conquérante», évoquant la création de listes indépendantes, qui pourraient être ouvertes, selon les situations, aux écologistes ou à «des socialistes de gauche». Avec un objectif: «donner de la visibilité politique au Front de gauche dans les grandes villes avant les élections européennes, qui ont lieu trois mois après». À la tête d'une quarantaine de villes de plus de 20.000 habitants, les communistes, soucieux de préserver leur bonne implantation locale, pourraient se montrer plus dociles. Ils doivent évoquer la question lors du congrès du PCF, qui débute le 7 février.

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