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Cambadélis : «La cote d'alerte est atteinte pour le PS»

Jean-Christophe Cambadélis, rival malheureux d'Harlem Désir au poste de premier secrétaire du PS. Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

INTERVIEW - Le député socialiste de Paris pointe « un problème de lisibilité » de Hollande, qui «veut redresser le pays sans verser dans l'austérité et la récession, sans créer l'irréparable sur le plan social».

LE FIGARO. - Quels enseignements tirez-vous de notre sondage, très sévère pour le chef de l'État?

Jean-Christophe CAMBADÉLIS. - Je ne suis pas étonné. Nos réformes ne produisent pas encore leurs effets, alors que les décisions de nos prédécesseurs produisent les leurs. Dans cette situation, une partie du pays s'impatiente face à une politique patiente. Mais le problème est européen. Tant que les droites domineront l'Europe, en estimant que de l'austérité jaillira la croissance, les politiques menées produiront une combinaison de mouvements sociaux et de populisme. La question, c'est: «comment nous créons les conditions d'une croissance européenne?»

Le président a-t-il un problème de méthode?

Non. Mais il a peut-être un problème de lisibilité. Car il veut redresser le pays sans verser dans l'austérité et la récession, sans créer l'irréparable sur le plan social. Ce discours est moins lisible que ceux qui diraient: «Maintenant, il faut l'austérité.» Mais cette ligne-là n'a ni base sociale ni base politique et serait un contresens économique.

Beaucoup regrettent que le dispositif (gouvernement, Parlement, parti) ne soit pas en ordre de marche. Qu'en pensez-vous?

C'est vrai, notre dispositif ne fonctionne pas. Il faut resserrer les liens entre le président, le premier ministre, le parti et les différents leaders du parti de façon que le dispositif soit plus réactif et plus combatif. La cote d'alerte est atteinte pour le PS. Son leadership est contesté. Il n'est pas en capacité d'impulser, malgré toutes les bonnes volontés. Il doit prendre à bras-le-corps la situation. J'appelle au rassemblement de tous, modernes du PS, gauche du parti, les différents clubs… Nul ne doit être ignoré. Nous avons besoin de tous pour affronter la bourrasque. J'appelle aussi tous les républicains à prendre conscience de la montée du courant anti-républicain dans les urnes et dans la rue. Nul ne peut ignorer que le pays est au bord de la crise de nerfs.

La réponse apportée par le président à l'affaire Cahuzac est-elle à la hauteur?

Oui. Nous reprenons la marche vers une République exemplaire. Je plaide dans ce domaine pour que tout le monde atterrisse. La publication du patrimoine des élus suscite des résistances, car cette publication peut sembler stigmatisante. Il faut trouver une forme qui permette de contrôler sans stigmatiser. Au PS de s'y atteler.

Après le «choc moral», François Hollande doit-il initier un «choc politique», par exemple en remaniant son gouvernement?

Il faut surtout se calmer. Le remaniement est une arme qui ne se manie qu'une fois. Il ne faut pas l'user trop tôt. Il ne faut pas surestimer ce qu'un remaniement peut produire dans l'opinion. Le sujet n'est pas la forme mais le fond. Encore une fois, je souhaite que les socialistes soient plus combatifs et explicatifs. Je plaide pour une offensive du PS.

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143 commentaires
  • redgie

    le

    Le Général De Gaulle disait : les socialistes ne sont que de grands bavards " comme il avait raison !

  • Bloscoff

    le

    "...la montée du courant anti-républicain dans les urnes et dans la rue". C'est très grave ce que vous dites là cambadelis, c'est ainsi que les régimes autoritaires qualifiaient leurs opposants, avant de les opprimer physiquement.

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