France's President Francois Hollande (R) and Foreign Affairs minister Laurent Fabius stand together as European and North African leaders gather for a family photo as they meet in Valletta for a summit of Mediterranean neighbours, October 5, 2012. Leaders from France, Italy, Spain, Portugal, Libya, Mauritania, Morocco, Tunisia, Algeria and Malta are meeting in Malta for the second 5+5 Dialogue Summit. REUTERS/Ian Langsdon/Pool  (MALTA - Tags: POLITICS) - RTR38U24

France's President Francois Hollande (R) and Foreign Affairs minister Laurent Fabius stand together as European and North African leaders gather for a family photo as they meet in Valletta for a summit of Mediterranean neighbours, October 5, 2012. Leaders from France, Italy, Spain, Portugal, Libya, Mauritania, Morocco, Tunisia, Algeria and Malta are meeting in Malta for the second 5+5 Dialogue Summit. REUTERS/Ian Langsdon/Pool (MALTA - Tags: POLITICS) - RTR38U24

L'Express

La charge du député PS de Paris, Pascal Cherki a surpris par sa violence: "Lorsque l'on est président de la France, on n'est pas conseiller général, on prend la mesure de la situation et on change de braquet." Ses camarades socialistes sont immédiatement montés au créneau pour défendre François Hollande et condamner l'impétueux Cherki.

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Mais si l'élu parisien s'est permis cette sortie, c'est pour deux raisons. La première tient à son tempérament. Le député-maire du 14 a le verbe haut. En janvier dernier, il souhaite la bonne année à tout le monde, "sauf aux exilés fiscaux et au Medef qui ne méritent que le mépris républicain".

Et son courroux ne frappe pas que la droite et le patronat, mais aussi ses propres camarades. Il y a deux semaines, 100 parlementaires PS affirment leur volonté de respecter l'accord emploi dans une tribune au JDD. "Une démarche fébrile et puérile", lâche Pascal Cherki dans Libération.

Même François Hollande n'a jamais été à l'abri. En novembre dernier, lorsqu'il évoque un droit de retrait pour les maires au sujet du mariage gay, Pascal Cherki critique le fait que le président de la République puisse dire "qu'il va faire voter une loi et proposer aux maires de s'en extraire". Quelques jours plus tôt, il s'était élevé contre les hausses de TVA en s'interrogeant sur la façon dont l'exécutif pourrait expliquer "qu'il met en oeuvre, même de manière plus modérée, une mesure combattue dans l'opposition et abrogée après" leur victoire à la présidentielle.

Les socialistes réclament un cap

A l'époque, sur ce point, Pascal Cherki est loin d'être seul. Sans se réfugier dans l'anonymat, de nombreux députés PS, de toutes les sensibilités, font part de leur étonnement. "C'est mieux qu'une hausse de la CSG, mais je m'interroge sur l'impact pour les couches populaires", souligne, par exemple, Laurent Baumel de la Gauche populaire.

Au-delà du tempérament propre à Pascal Cherki, une autre raison explique sa sortie fracassante: le contexte au sein du groupe PS. Dès septembre, passée l'installation au pouvoir, les questions sur le cap suivi par l'exécutif n'ont cessé de s'accumuler, et pas qu'à l'aile gauche du PS.

En amont de la conférence de presse présidentielle en novembre, les parlementaires de gauche étaient nombreux à réclamer qu'un cap soit fixé. "J'attends que le chef de l'État explique que tout ce qui a été mis en oeuvre depuis six mois s'inscrit dans une ligne politique", précisait Philippe Martin, premier vice-président du groupe PS à l'Assemblée. Avant lui, le sénateur de l'Isère, et proche de François Hollande, André Vallini réclamait, dans Le Figaro, que le chef de l'Etat "fixe un cap et rassure sur sa méthode". Le 12 mars, c'est au tour de Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon, d'inviter François Hollande à être "clair" sur sa politique économique et de "fixer un cap". Enfin, pour François Rebsamen, sénateur-maire de Dijon, "il faut qu'il y ait plus de cohérence dans ce gouvernement".

Autant de questions à l'Assemblée qu'au Sénat

Mais, il ne faut pas voir le Sénat comme le Bounty, où seraient retranchés tous les révoltés. A l'Assemblée aussi, les députés désespèrent de voir un jour une ligne claire se tracer jusqu'à la fin du quinquennat. Le mois dernier, l'un d'eux confiait à L'Express qu'il ne comprenait pas comment des séquences entières (allocations familiales, diesel) pouvaient échapper à l'exécutif, visant d'ailleurs plutôt Jean-Marc Ayrault. La réponse du Premier ministre à Jean-François Copé lors de la motion de censure devait d'ailleurs servir à mettre en perspective l'action du gouvernement. Au final, seuls deux éléments de calendrier pour les prochaines semaines ont été dévoilés : l'encadrement des rémunérations dans le privé et le non-cumul des mandats. Pour le reste, ce fut une défense de la politique en place depuis juin 2012.

Avec son vocabulaire musclé et son caractère sanguin, Pascal Cherki n'a donc fait que ramasser en deux minutes ce que son groupe attend depuis des semaines, voire des mois. Seule formule peu appréciée de ses camarades, y compris ceux du courant hamoniste Un Monde d'avance, la référence au président de conseil général. "Une position personnelle", fait-on savoir, que résume Mathieu Hanotin, député de Seine-Saint-Denis: "Je ne suis pas d'accord avec la comparaison hasardeuse de Pascal Cherki mais il arrive à tout le monde de laisser les mots aller plus loin que sa pensée. Sur le reste, il y a des choses à dire. Le rêve français, ça ne peut pas être la rigueur comme horizon indépassable. Le président doit fixer un cap, une direction. Il faut donner du sens à notre action, ce que les Français aujourd'hui ne voient pas."

Le cap, toujours le cap...

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