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De la rue au Sénat, le Front de gauche défend l'amnistie sociale

La majorité de gauche au Palais du Luxembourg a adopté mercredi soir la proposition de loi, en amputant largement le texte.

Par Nicolas Chapuis

Publié le 27 février 2013 à 21h27, modifié le 28 février 2013 à 08h35

Temps de Lecture 3 min.

Jean-Luc Mélenchon a assisté au débat sur la proposition de loi d'amnistie sociale depuis le banc des visiteurs du Sénat, mercredi 27 février.

Aux uns les cris révoltés de la rue, aux autres les murmures feutrés du Sénat. Quelque 300 partisans du Front de gauche ont manifesté en faveur de l'amnistie des syndicalistes mercredi 27 février devant l'entrée du Palais du Luxembourg, tandis qu'à l'intérieur les sénateurs communistes tentaient de convaincre sur leur proposition de loi, finalement adoptée d'une courte tête, 174 voix contre 172.

Deux faces d'un même combat. Et Jean-Luc Mélenchon qui s'invite à la croisée des fronts. L'ancien sénateur a fait de cette question son nouveau cheval de bataille. Prenant d'abord la parole à la manifestation, il s'en est pris directement à François Hollande : "Qu'est-ce qu'il a fait d'autre que me mentir à chaque fois ?" s'est-il offusqué, affirmant que le président lui avait promis personnellement à plusieurs reprises cette loi sur l'amnistie des infractions réalisées dans le cadre des mouvements sociaux. A côté de la tribune improvisée, Pierre Laurent refuse d'endosser le même ton : "Rien ne doit nous détourner de notre but : pousser la loi le plus loin possible. Ce n'est pas le moment de régler des comptes."

Mais, au micro, Jean-Luc Mélenchon n'en a pas fini avec les socialistes : "Je montre du doigt ceux qui après avoir soutenu les travailleurs les abandonnent", rajoute-t-il, dans une version édulcorée de son anathème de vendredi dernier : "Ceux qui ne voteront pas avec nous, on ne les lâchera pas […]. On les pourchassera jusque dans le dernier village de France." Succès garanti devant les syndicalistes marseillais de Fralib et ceux de l'usine PSA d'Aulnay, qui brandissent des pancartes : "Non à la criminalisation de l'action syndicale".

"BEAUCOUP DE GENS AU PS PENSENT COMME MOI"

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Quelques instants plus tard, M. Mélenchon a troqué le registre de la harangue contre celui du verbe distillé, davantage de circonstance dans l'enceinte du Palais du Luxembourg. "Si le texte est voté, ce sera un bon résultat de la pression que j'ai mise. Il y a beaucoup de gens au PS qui pensent comme moi", affirme-t-il. Pourtant même au sein du Front de gauche la méthode n'a pas plu à tout le monde. Le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, a critiqué dans une interview à Libération les sorties de M. Mélenchon : "Notre état d’esprit n’est pas de 'pourchasser' les socialistes dans 'le dernier village de France', mais de leur tendre la main pour que cette loi soit votée."

Au sein du groupe des sénateurs PCF, le ton de Jean-Luc Mélenchon a également été moyennement apprécié, au moment où les tractations avec le PS se faisaient plus intenses pour parvenir à un compromis. Cécile Cukierman, élue communiste, relativise : "Quand on est au Sénat, il faut faire abstraction de ce qui se dit à l'extérieur, les déclarations outrancières ça ne mène pas à la concorde et au travail commun. C'est le cas aussi pour la déclaration de Manuel Valls sur les 'casseurs syndicalistes'."

Jean-Luc Mélenchon, lui, assume le discours musclé : "C'est un jeu de communication, il y a ceux qui négocient sur le texte, et ceux dont le rôle est de monter le ton. Et puis mes propos ont permis de faire sortir du bois l'ultra-droite du PS, avec Manuel Valls dans le rôle du patibulaire. Quant à Olivier Dartigolles au PCF, il a déjà été puni de ses propos, il a reçu l'aval du proche de Valls, Luc Carvounas. C'est la pire des ignominies pour un communiste."

UN TEXTE AMPUTÉ

Dans l'hémicycle, le débat a débuté. Des quatre heures de discussion, le texte ressortira largement amputé. Le périmètre a été resserré et ne concernera que les mouvements sociaux au sein des entreprises et pour le logement. L'amnistie ne touchera pas les actions dans l'éducation, la santé, en faveur des sans-papiers, contre les recherches scientifiques, ainsi que les fauchages d'OGM, si le texte reste en l'état après passage à l'Assemblée nationale. Par ailleurs, elle ne concernera que les peines de prison allant jusqu'à cinq ans, contre dix ans dans la version initiale. Une victoire au goût amer pour le Front de gauche. Ni le bruit de la rue ni les bruissements de la chambre haute n'ont pu obtenir mieux.

Jean-Luc Mélenchon, lui, assiste au spectacle réduit au silence. Du banc des visiteurs, toute intervention en séance est proscrite. Alors quand un sénateur radical attaque à la tribune "les propos populistes de M. Mélenchon", ce dernier répond par un sourire, ravi de s'être invité malgré tout dans le débat, avant de quitter les lieux.

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