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La gauche du PS critique la politique du gouvernement

Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann demandent au chef de l'État de renoncer à l'objectif de réduction des déficits (3 % du PIB), intenable selon eux. ©Francois Lafite/Wostok Press/WOSTOK PRESS/MAXPPP

Réuni samedi à Paris, le courant «Maintenant à gauche» enjoint à l'exécutif d'amorcer le «tournant de la relance».

Changer de politique économique. L'aile gauche du Parti socialiste, qui avait présenté une motion alternative au congrès du PS, fin octobre à Toulouse, appelle François Hollande à rompre avec la rigueur, qui mettrait le pays à genoux, pour opérer un «tournant de la relance». Le leader de «Maintenant la gauche», Emmanuel Maurel, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann et le député Jérôme Guedj ont présenté samedi à Paris, devant plusieurs centaines de cadres de leur courant, une résolution intitulée «le tournant de la relance, c'est maintenant.» Ils demandent au chef de l'État de renoncer à l'objectif de réduction des déficits (3 % du PIB), intenable selon eux. «Quand François Hollande devant le Parlement européen affirme que “la France a pris des engagements, et elle les tiendra, mais en même temps, nous devons (…) ajuster nos objectifs aux réalités de la conjoncture”, il confirme en termes feutrés ce que nous disons depuis des mois: dans un contexte de croissance nulle, les politiques de rigueur mènent inexorablement à l'austérité généralisée», écrivent les tenants de l'aile gauche.

Selon eux, c'est «maintenant» qu'il faut changer de politique, parce que «nos concitoyens perdent espoir» et «qu'il appartient à la gauche de répondre à l'urgence sociale». Face aux plans sociaux, «Maintenant la gauche» préconise un volontarisme «sans faille» de l'État. Et pour redonner du pouvoir d'achat aux salariés, elle propose une revalorisation du smic, un blocage de la hausse des loyers, ou encore l'interdiction des licenciements boursiers.

Pour ce courant du PS, qui pèse à hauteur des 28 % obtenus au congrès de Toulouse face à la «motion 1» portée par Harlem Désir, il en va des futurs succès électoraux de la gauche, qui ne peut se permettre de se couper des couches populaires. «Envoyons des signaux à notre électorat», a ainsi plaidé Emmanuel Maurel.

Après son opposition bruyante au traité européen (TSCG), l'aile gauche s'est battue pour obtenir - en vain - des contreparties pour les entreprises bénéficiaires du crédit d'impôt, l'une des mesures du pacte de compétitivité. Elle compte se faire entendre aussi sur l'accord du 11 janvier sur l'emploi, qu'elle juge «déséquilibré» en faveur des patrons. Et prévient qu'elle ne souhaite pas que le texte soit «présenté en l'état devant le Parlement». «Le TSCG, le crédit d'impôt et l'accord emploi ont un point commun: le social-défaitisme», a résumé le nouveau leader de l'aile gauche, qui a supplanté Benoît Hamon, réduit au silence depuis qu'il est ministre. «Le PS devrait créer un rapport de forces favorable aux salariés. Il n'a pas fait ce choix», a encore regretté Maurel.

Rassemblés samedi à l'Assemblée nationale, dans une salle bondée, les cadres du courant ont, à leur tour, fait remonter leurs inquiétudes. «Nos camarades du parti sont désemparés lance Hugo, de Seine-Saint-Denis. Ils veulent que Jean-Marc Ayrault change de politique.» «La réforme bancaire (examinée mardi par les députés, mais jugée insuffisante par beaucoup, NDLR) est la synthèse de tous les abandons précédents, renchérit Daniel de la fédération de Loire-Atlantique. Doit-on rendre les armes devant ces principes néo-libéraux?» Une cadre de banlieue parisienne s'inquiète, elle aussi, des «renoncements» de Hollande: «Nos électeurs attendent autre chose de la gauche!»

Le PS d'Harlem Désir est également dans le collimateur. «Le gouvernement fait du social-défaitisme et la direction du parti est amorphe, inaudible!», s'emporte un cadre. Le temps passé sur le mariage pour tous agace aussi. «Je souhaite que nos députés, nos ministres, mettent autant d'énergie et de cœur à faire voter une loi contre les licenciements boursiers qu'ils en ont mise pour le mariage!», prévient Marie-Dominique, élue régionale du Calvados.

Quant aux déclarations du président de l'Assemblée, Claude Bartolone, qui a laissé entendre que le non-cumul des mandats ne serait pas appliqué avant 2017, elles ont exaspéré. «Attention, a prévenu Serge, d'Épinay-sur-Seine. Il y a une grogne qui monte. Si l'on n'y prend garde, on risque gros.» Élodie, venue d'Ardèche, va plus loin: «Les gens sont déçus. Ils se demandent ce qu'ils font au PS. Ils ont l'impression d'être trahis. Il faut peser sur la ligne du gouvernement. Sinon on va dans le mur.»

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