Sondage : les Français se disent indifférents à la richesse de leurs élus

Sondage : les Français se disent indifférents à la richesse de leurs élus

    Après l'affaire Cahuzac, une majorité de Français dit souhaiter une plus grande transparence quant au patrimoine des responsables politiques. En revanche, un premier sondage Ifop pour le Journal du Dimanche, publié ce dimanche, montre qu'ils sont largement indifférents à l'état de la fortune de leurs élus.

    S'ils apprenaient que «le patrimoine publié par un ministre était très élevé», 70% seraient indifférents, 25% choqués et 4% admiratifs (1% sans opinion). Les pourcentages sont pratiquement les mêmes s'il s'agit de leur député (70% indifférents, 25% choqués et 5% admiratifs).

    Selon cette enquête réalisée le 11 et 12 avril auprès de 974 personnes, les Français jugent à 85% que les responsables politiques sont plus riches que la moyenne de leurs concitoyens (56% beaucoup plus riches et 29% un peu plus riches), contre 12% qui les considèrent ni plus, ni moins riches, et 2% qui les pensent moins riches (1% sans opinion).

    Le patrimoine des ministres dévoilé lundi

    Ce sondage intervient alors que le patrimoine des ministres va être rendu public, lundi, à la demande de Jean-Marc Ayrault. Le patrimoine des 37 membres du gouvernement devrait être révélé dans l'après-midi sur le site www.gouvernement.fr. Ce site propose déjà les déclarations d'intérêts établies par les ministres lors de leur prise de fonction.

    Avant même cette publication, certains ministres ont pris les devants comme Arnaud Montebourg (Redressement productif) ou Marie-Arlette Carlotti (Exclusion). Arnaud Montebourg a déclaré le 10 avril dans Le Monde disposer de la nu-propriétaire à 50% d'une place de parking souterrain située avenue du Maréchal-Foch à Dijon, une 407 Peugeot de 2007 et un fauteuil Charles Eames acheté 28 000 francs. Sa collègue Marie-Arlette Carlotti qui avait dégainé la première s'est déclarée propriétaire, de deux appartements, (l'un à Marseille et un autre en Haute-Corse), ainsi que d'une maison dans l'Hérault d'une valeur totale de 565 000 euros. Cécile Duflot (logement) et Pascal Canfin (développement), les deux ministres écologistes ont aussi dévoilé leur patrimoine.

    Matignon persiste face aux critiques

    Alors que de nombreuses critiques sont apparues sur la pertinence de cette mesure, Matignon persiste et signe. «Lorsqu'une mesure de transparence est prise, il y a toujours une hésitation légitime à avoir, car ce sont des éléments privés rendus publics», explique-t-on dans l'entourage du Premier Ministre en ajoutant que de telles mesures existent dans une série de pays et qu'elles sont entrées dans les mÅ?urs. C'est pourquoi cette publication du patrimoine des ministres préfigure ce qui attend les parlementaires et présidents de collectivités territoriales dans les prochains mois. Le projet de loi de moralisation de la vie publique, présenté le 24 avril en Conseil des ministres, devrait leur imposer cette même transparence.

    Des critiques sont pourtant formulées par certains ténors de la majorité. Claude Bartolone, président PS de l'Assemblée nationale, a fait valoir que «déclarer, contrôler, sanctionner, c'est de la transparence», alors que «rendre public, c'est du voyeurisme». Les présidents des groupes PS à l'Assemblée et au Sénat, Bruno Le Roux et François Rebsamen, sont eux aussi opposés à toute «publication sauvage» des patrimoines qui devraient être seulement déclarés à une Haute Autorité et dévoilés sous conditions.

    Un point de vue partagé par l'opposition UMP. Luc Chatel, ancien ministre du gouvernement Fillon, redoute que le chef de l'Etat jette «l'opprobre» sur la classe politique pour masquer le fait qu'il y avait un «voyou» au PS.