Préoccupé par la santé des agences, l'Ordre des architectes sonde régulièrement, avec l'aide de l'IFOP, un échantillon de 800 de ses 30 000 membres à propos leur activité. En septembre 2010, c'était la troisième enquête de ce genre, publiée prochainement par l'Ordre et que Le Monde présente ici en avant-première.
Le niveau de revenu net des architectes, sur les douze derniers mois, de septembre 2009 à septembre 2010, s'élève, en moyenne, à 35 750 euros par professionnel et par an, ce qui est beaucoup mieux qu'en 2008, où il avait fortement baissé, à 28 184 euros, mais bien en dessous de la performance de 2007, de 41 100 euros.
La même tendance s'applique au chiffre d'affaires moyen par agence, de 306 178 euros, sur un an, en septembre 2010, contre 274 097 sur l'exercice précédent. Toutes les formes et secteurs d'activité sont touchés, le bureau comme le logement ou les bâtiments publics. Les collectivités locales et les organismes publics n'ont pas joué le rôle d'amortisseur que l'on pouvait attendre d'eux, dans le cadre du plan de relance gouvernemental.
"Nous constatons que les petites agences qui affichent moins de 50 000 euros de chiffre d'affaires ont tendance à disparaître – ce qui fait mathématiquement monter la moyenne – et que le chiffre d'affaires des grandes agences est beaucoup plus sensible à la conjoncture globale et sujet à fortes amplitudes", analyse Damien Filippot, de l'IFOP.
"SÉVÉRITÉ INÉDITE"
Le revenu moyen des architectes travaillant dans de grosses structures, dont le chiffre d'affaires dépasse 500 000 euros, est passé de plus de 104 000 euros, en 2007, à environ 50 000 euros, en 2008, puis est remonté à 94 000 euros, en 2009, avant de chuter à nouveau à 68 216 euros, cette année. En revanche, le revenu moyen des professionnels en petites agences – réalisant moins de 50 000 euros de chiffre d'affaires – a retrouvé, fin 2010, son niveau de 2007, certes modeste, à 13 800 euros.
Ce sont les architectes les plus âgés (entre 50 et 59 ans) et expérimentés qui disposent, en 2010, des meilleurs revenus, soit 40 700 euros, en moyenne, mais ce montant est très variable, a durement chuté pendant la crise et reste loin de son meilleur niveau atteint en 2007 (58 800 euros).
"Nous avons connu bien des crises, mais celle-ci est d'une sévérité inédite, ce qui explique le relatif pessimisme de la profession, notamment des plus âgés, sur l'avenir", témoigne Dominique Gendre, du conseil national de l'Ordre des architectes.
A la question "La crise sera-t-elle finie en 2011 ?", seuls 33 % des professionnels interrogés répondent, en effet, positivement. En dépit de la période difficile qu'ils ont traversée, les architectes restent cependant attachés à leurs salariés et collaborateurs et ont tout fait pour en licencier le moins possible.
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