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Les États-Unis piégés par le chômage de masse

L'Amérique découvre un chômage à l'européenne, résistant aux plans de relance. Une reprise sans emploi: le sujet est au cœur de la campagne électorale.


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De notre correspondant à Washington

L'Amérique est-elle frappée par le «mal européen»? La relative mollesse de la reprise économique depuis un an et surtout la reprise récente de la hausse du chômage conduisent à s'interroger sur ce risque. Où est passée la légendaire capacité de rebond de l'Amérique?

Au cours des huit mois qui ont suivi la sortie de la récession de 2001, l'économie américaine avait par exemple encore créé en moyenne chaque mois 123.000 emplois. Or, depuis la fin de la contraction de l'activité aux États-Unis au second trimestre 2009, les créations nettes mensuelles de postes ont été de 23% moins fortes. En dépit d'une année de croissance, le chômage de longue durée (plus de 26 semaines) recule à peine et frappe toujours 40% des demandeurs d'emploi. Cette proportion est énorme. Même au sortir de la dure récession de 1982, le chômage de longue durée avait été deux fois moins ravageur.

Pire, la remontée du taux de chômage à 9,6% en août s'est accompagnée d'une hausse à 16,7% du taux de sous-emploi. Certains voient dans ce chiffre une mesure plus réaliste du chômage: elle ajoute aux demandeurs d'emploi ceux qui travaillent à temps partiel mais cherchent un poste à temps plein. Il est clair que la plus grave crise financière depuis les années 1930 a provoqué des traumatismes bien plus profonds que les récessions ordinaires. Même si le secteur privé a embauché tous les mois depuis janvier 2010, l'Amérique ne se relève pas aussi facilement qu'auparavant.

Débat au Congrès pour aider les PME

Ne serait-ce que pour des raisons démographiques, les États-Unis ont besoin de bien plus de croissance que l'Europe pour faire baisser le chômage. Pour conserver un taux de chômage stable, il faut que l'Amérique génère environ 125.000 emplois nouveaux tous les mois. Or, même le plan massif de relance de 787 milliards de dollars, voté en février 2009, n'est pas parvenu à réamorcer suffisamment la machine à créer des emplois qu'est d'ordinaire l'économie des États-Unis.

En pleine campagne pour les législatives de début novembre qui renouvelleront la totalité de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat, le Congrès débat d'un paquet d'aides aux petites entreprises. Ces dernières, traditionnellement responsables des deux tiers des créations d'emplois, sont triplement handicapées. Elles subissent de plein fouet le contrecoup du désendettement des ménages qui pèse sur la consommation d'une part, tout en souffrant plus que les grandes entreprises de la réticence des banques à prêter d'autre part. En effet, elles restent dépendantes de crédits bancaires alors que les sociétés de grande taille peuvent émettre directement des obligations.

Enfin, les patrons de PME se plaignent avec virulence des réformes poussées par les démocrates, en particulier la réforme de la santé, qui leur imposent de nouveaux coûts et des contraintes de nature à décourager l'embauche. Les allégements fiscaux proposés par Barack Obama aux petites entreprises pour les inciter à investir ne suffisent pas à rassurer les chefs de petites entreprises. Ils redoutent en particulier les effets des hausses à venir d'impôts sur le revenu.

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