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La facture des grèves s'alourdit

Des passagers tentent de rejoindre l'aéroport d'Orly le 20 octobre, alors que des employés en grève bloquent les accès routiers. STRINGER/FRANCE/REUTERS

Bercy estime que chaque journée de grogne coûte 200 à 400 millions d'euros à l'économie.

Pour l'instant, au ministère de l'Économie, il n'est pas question de revoir en baisse la croissance de 2010, fixée à 1,6 %, à cause des troubles provoqués par la réforme des retraites. «En 1995, les grèves avaient réduit la croissance du quatrième trimestre de seulement 0,2 point de PIB. Or, le mouvement est aujourd'hui beaucoup moins dur», explique-t-on à Bercy. Avant de nuancer : le PIB n'est pas toujours un indicateur pertinent. Ainsi, une personne qui ne peut prendre les transports en commun et utilise sa voiture consomme davantage d'essence et fait monter le PIB ! «Nous avons estimé le vrai coût économique, notamment en tenant compte des heures de travail perdues et des pertes subies dans les différents secteurs», précise-t-on à Bercy. Verdict : la facture serait de 200 à 400 millions d'euros par jour de grève. Soit un coût de 1,6 milliard à 3,2 milliards pour les huit journées de perturbations subies. Mais à Bercy, on se refuse à une telle multiplication. Et on ajoute «qu'il faut aussi prendre en compte la dégradation de l'image de la France, inchiffrable». Une chose est sûre, si l'impact est différent selon les secteurs, les PME sont les premières touchées. Président de la CGPME, Jean-François Roubaud se désespère : «Le BTP sera bientôt obligé de fermer des chantiers faute de matières premières, explique-t-il. La timide reprise économique est presque anéantie par ces mouvements qui tiennent plus du terrorisme économique que du droit de grève.» Le Medef dénonce des «dysfonctionnements graves».

Industries chimiques : 33 millions par jour 

Après 30 jours de conflit au port de Marseille, l'Union des industries chimiques chiffre à un milliard le coût de ce mouvement social, soit 33 millions d'euros par jour. Jean Peulin, directeur général de la fédération, s'inquiète en particulier de l'avenir de certaines PME qui perdent des clients faute de matières premières.

Air France : 5 millions par jour 

Air France estime que ce type de mouvement lui coûte 5 millions chaque jour. Au coût des annulations s'ajoutent ceux des retards, des déroutements éventuels ou des précautions de remplissage des dépôts de carburant. Le coût des grèves serait supérieur aux 188 millions provoqués par l'éruption du volcan islandais. De son côté, la SNCF souhaite être discrète sur le coût des grèves tant que le mouvement n'est pas terminé. Il est admis qu'une grève générale entraîne une perte de 20 millions par jour.

Commerce : l'inquiétude grandit 

«Dans les magasins alimentaires, il n'y a pas de problème d'approvisionnement, indique la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). L'impact sur la fréquentation n'est pas chiffré, mais aucun mouvement de panique ou de baisse importante du trafic n'est à signaler.» Les inquiétudes sont plus vives dans les centres-villes. Les scènes de vandalisme en marge des manifestations dans une douzaine de villes «créent un climat particulièrement néfaste, qui se traduit par une baisse très forte de la fréquentation et des ventes depuis la mi-octobre» pouvant aller jusqu'à - 40 %, indiquent la Fédération des enseignes de l'habillement (FEH) et l'Union du grand commerce de centre-ville (UCV). Mais c'est au niveau de la distribution de carburant que l'impact sera le plus lourd. «Les fermetures de raffineries ou de dépôts entraînent des surcoûts de transport», explique-t-on chez Carrefour, dont un quart des 1 200 stations-service font face aux pénuries.

Hôtels et restaurants pénalisés 

Les professionnels du tourisme constatent un ralentissement des réservations en raison d'un attentisme de la clientèle. Dans l'hôtellerie, les grèves et la pénurie d'essence auraient déjà coûté au moins 3 % de taux d'occupation, selon Protourisme. Dans la restauration, les professionnels observent des baisses de fréquentation très sensibles, notamment le week-end.

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