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Déménager Roland-Garros, "c'est comme une famille qui hésite entre vivre en ville ou en banlieue"

Porte d'Auteuil, Versailles, Gonesse, Marne-la-Vallée... Le 13 février prochain, la Fédération française de tennis décidera où Roland-Garros va s'établir. Jean Gachassin, le président de la FFT, et Gilbert Ysern, directeur général, sont encore dans l'incertitude.

Par Propos recueillis par Imanol Corcostegui

Publié le 18 novembre 2010 à 17h11, modifié le 19 novembre 2010 à 09h44

Temps de Lecture 4 min.

Le directeur général de la FFT, Gilbert Ysern, le président Jean Gachassin, et l'architecte français Marc Mimram présentent le projet d'extension de Roland-Garros, en mai 2009 à Paris.

Les 12 et 13 février prochain, l'assemblée générale de la Fédération française de tennis décidera si la tournoi de Roland-Garros doit quitter la porte d'Auteuil, et si oui, sur quel site il s'établira, entre Versailles, Gonesse et Marne-la-Vallée. Alors que la Mairie de Paris vient de présenter son projet pour le maintien de Roland-Garros dans la capitale (lire l'article), Jean Gachassin, le président de la FFT, et Gilbert Ysern, le directeur général, que nous avons rencontré la semaine dernière, reviennent sur les enjeux de cette décision essentielle pour le tennis français, et livrent leurs impressions sur les différentes candidatures.

Pourquoi aurait-on besoin de quitter le site actuel de Roland-Garros ?

Gilbert Ysern : Il y a un double besoin, un double manque par rapport aux structures actuelles : un toit, pour garder la continuité du jeu malgré les aléas météorologiques, et de l'espace, parce que notre stade en manque cruellement aussi bien pour les joueurs que pour le public et les médias. La démarche est qualitative. Si on veut être compétitif par rapport aux autres organisateurs de tournois, on se doit de rehausser sensiblement nos standards de qualité. La question du toit, on sait qu'on peut la régler en restant sur place, en couvrant le court Philippe-Chatrier. C'est donc l'espace qui sera l'élément déterminant. Si on quitte la porte d'Auteuil, on ira dans un endroit où on aura tout l'espace dont on a besoin. Si on reste, il faudra réussir à pousser les murs, de manière relative. C'est un peu le même problème qu'une famille qui hésite entre vivre en ville ou en banlieue : en ville, on n'a pas les moyens de se payer autant de pièces que si on prend un pavillon en banlieue.

Quitter la porte d'Auteuil entraînerait un flot de réactions de mécontentement...

Jean Gachassin : Il y a un paradoxe : il y a trois ou quatre ans, certains joueurs disaient aux organisateurs : "On n'est pas bien ici, on n'a pas de place." Aujourd'hui, ils se déplacent avec une dizaine d'accompagnateurs : le kiné, l'ostéo, le diététicien… C'est difficile de tous les accueillir. Mais lorsqu'on a commencé à évoquer la possibilité de changer d'endroit, il y a eu un tollé, les joueurs nous ont dit : "Non, on est bien ici, il y a une histoire, il ne faut pas partir." C'est étrange. Nous, on ne doit pas réagir avec notre cœur, nous devons nous projeter sur ce que sera le tennis dans vingt ans. Ce sport fonctionnera-t-il bien ? Peut-on se permettre d'investir beaucoup d'argent ? Il faut prendre en compte cette réalité, ces réflexions sont délicates.

Gilbert Ysern : L'attachement à ce site est indéniable et il ne faut surtout pas minorer l'importance de la nostalgie que nous partagerions tous. Si au bout du compte, on décide de partir, c'est parce que nous serons tous convaincus que les avantages à partir seront plus forts que cette nostalgie.

En France, la Fédération de tennis est la seule à organiser un événement de cet ampleur. Dans quelle mesure les répercussions économiques influeront-elles sur votre choix ?

Gilbert Ysern : La différence avec d'autres organisateurs d'événement, c'est que nous sommes propriété d'une Fédération et que l'économie n'est pas un but en soi mais un moyen. Ce n'est pas qu'un effet de style de dire ça. Nous ne sommes pas dans une logique de rentabilité. Il n'y a pas d'actionnaire qui nous met la pression ou un cours en Bourse à soutenir. On a une mission par délégation de l'Etat : il faut faire le mieux possible. On n'est pas prêts à tout saborder pour quelques millions d'euros de plus. Dans l'hypothèse où on resterait à Paris, le projet serait très coûteux pour nous, il y aurait un gros endettement pour une démarche exclusivement qualitative. Notre statut de Fédération nous donne cette liberté.

Pourquoi le choix entre les différentes candidatures (Paris, Versailles, Marne-la-Vallée et Gonesse) est-il si complexe ?

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Gilbert Ysern : Parce que chaque site a ses atouts et ses inconvénients. Pour résumer, les trois hypothèses de changement ont pour atout de nous faire partir sur une base blanche et de mettre en place exactement ce que l'on veut. Roland-Garros, c'est le lieu du tournoi mais aussi le site qui accueille l'ensemble des activités de la Fédération : son siège, le centre national d'entraînement... Versailles, c'est une proximité intéressante avec l'Ouest parisien, c'est l'attrait d'un lieu magique mais c'est un site en creux, sur lequel il est difficile de construire. Par rapport aux deux autres hypothèses de délocalisation, on n'aurait pas accès à la propriété foncière, ce qui est un point faible.

Gonesse et Marne-La-Vallée ont pour avantage l'un et l'autre d'acquérir du foncier, ce qui est important dans une logique patrimoniale. Et ces deux projets sont moins chers que Versailles en raison de la nature des sols. Enfin, la différence entre Marne-la-Vallée et Gonesse, c'est que le premier site est plus loin mais contient une zone déjà développée, autour de Disneyland. A Gonesse, l'avantage et l'inconvénient c'est qu'on serait pionniers.

Où en est votre réflexion à quelques mois de l'échéance de février ?

Jean Gachassin : Dans ce dossier, on change d'avis en permanence : on rêve d'un nouvel espace incroyable, puis on se dit qu'on est bien quand même à Roland-Garros. Au sein de la Fédération, tout le monde a un avis différent. Il faut bien connaître tous les tenants et les aboutissants de chaque dossier : le montant du loyer, les superficies... Tout n'est pas encore déterminé.

Gilbert Ysern : On a encore quelques insomnies devant nous car honnêtement, on est encore très partagés.

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