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Nicolas Sarkozy, «en campagne, sans le dire»

Vendredi dernier, Nicolas Sarkozy à vélo autour du cap Nègre. AFP

En vacances sur la côte varoise, le chef de l'État prépare les rendez-vous de la rentrée politique. Il pourrait se résoudre à proposer l'interdiction du cumul des mandats.

Le silence qui règne aux alentours du cap Nègre ne doit pas faire illusion. Déjà, au nom d'une nouvelle ascèse médiatique, l'été 2009 avait été particulièrement discret pour Nicolas Sarkozy, après son malaise du mois de juillet. Cette année, cette discrétion qu'il s'impose n'a pas empêché, mardi, le chef de l'État de recevoir le premier ministre libanais, Saad Hariri, ou en début de semaine d'inviter à dîner Jean-Louis Borloo. Une marque d'amitié qui ne doit pas être «surinterprétée», prévient toutefois un proche du président, au moment où les paris vont bon train sur les successeurs possible de François Fillon à Matignon.

Immergé dans ses vacances sur la côte varoise, Nicolas Sarkozy ne sous-estime pas le rendez-vous qui l'attend à l'automne, quand viendra le changement de gouvernement annoncé depuis mars. Pour l'heure, il apprécie, en connaisseur, l'effet produit par ses propositions sur la sécurité, largement approuvées par les Français, selon un récent sondage Ifop pour Le Figaro. Le chef de l'État juge très important le retour aux thèmes qui soudent la droite : effort en matière de sécurité, refus de l'assistanat, refus proclamé des hausses d'impôts. Car il ne fait plus aucun doute, dans les réunions de l'Élysée, que le président est «en campagne, sans le dire». Il pourrait se résoudre, subodore même un élu proche de l'Élysée, à proposer bientôt l'interdiction du cumul des mandats - une petite bombe qui traumatiserait la classe politique, mais irait dans le sens des attentes de l'opinion et doublerait le Parti socialiste.

En campagne, Nicolas Sarkozy l'a été dès la fin du mois de juillet, lors d'une visite aux Chantiers navals de Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, où il a retrouvé les accents du volontarisme industriel. Mais c'est début août, qu'il a, à sa façon, donné le coup d'envoi de la campagne de 2012. Il y est parvenu au-delà même de ce qu'il pouvait espérer, en lançant avec son discours de Grenoble, l'idée de proposer la déchéance de la nationalité pour les crimes de droit commun contre des personnes détentrices de l'autorité publique, pour ceux qui ont reçu cette nationalité depuis moins de dix ans.

Ces propositions ont aussitôt déclenché une vive polémique. La gauche a accusé Nicolas Sarkozy de revenir aux années 1930. «On n'avait pas vu ça depuis Vichy. On n'avait pas vu ça depuis les nazis», s'est indigné Michel Rocard. Et l'hebdomadaire Marianne a fait sa une sur Nicolas Sarkozy «le voyou de la République». Cette polémique rappelle celle qu'il avait soulevée en proposant un ministère de l'Identité nationale, pendant la campagne présidentielle en 2007, et qui lui avait permis de creuser l'écart avec Ségolène Royal et François Bayrou.

En préparant ce discours, certains dans son entourage ont fait valoir que la mesure en elle-même n'aurait qu'un impact limité, et pour tout dire, sans commune mesure avec les moyens qu'il faut mettre en œuvre pour lutter contre la recrudescence des actes de violence contre les personnes.

Attitude plus régalienne

Certains conseillers du président ont fait comprendre qu'une telle mesure avait avant tout force de symbole, et qu'elle était nécessaire pour être «réélu en 2012». Les mesures jugées vraiment efficaces - la fusion des départements d'Ile-de-France sous une administration unique du préfet de police, la nomination de policiers préfets, et la création de brigades volantes de CRS - n'ont pas la même charge émotive et symbolique, note l'Élysée.

Et ce d'autant plus que le PS de Martine Aubry, décentré sur la gauche, ne sait pas comment prendre l'avantage sur ces sujets. Plus que jamais, en filigrane du positionnement de Nicolas Sarkozy, on retrouve les conseils de Patrick Buisson, qui a toujours défendu une attitude plus régalienne et un retour vers les catégories populaires.

La reconquête, Nicolas Sarkozy veut l'engager en déclinant le mot d'ordre qu'il a répété sans cesse dès le lendemain des régionales : désormais, il faut cliver. Comme le dit un proche du président, «la grande question est de savoir comment l'ouverture survivra à ce nouvel état d'esprit».

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