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L'AFP veut fournir de l'information au grand public

Emmanuel Hoog, PDG de l'agence de presse, évalue à 125 millions d'euros ses besoins d'investissement

Par Propos recueillis par Daniel Psenny et Xavier Ternisien

Publié le 02 septembre 2010 à 14h40, modifié le 02 septembre 2010 à 14h40

Temps de Lecture 4 min.

Emmanuel Hoog a été élu PDG de l'Agence France-Presse (AFP) en avril. Il a remplacé Pierre Louette, parti chez France Télécom. Arrivé dans un contexte de blocage du dialogue avec les syndicats sur la délicate question de la réforme du statut de l'agence, M. Hoog a pacifié les relations sociales. Parmi ses projets, il souhaite que l'agence soit davantage présente sur Internet et offre de l'information directement au grand public.

Plusieurs quotidiens régionaux ont choisi de se désabonner de l'AFP. Ces abonnements représentent l'une de vos premières sources de revenus. Craignez-vous un effet boule-de-neige ?

Emmanuel Hoog : Je ne peux pas croire que cela continue. Tous les journaux essaient d'obtenir des remises. A chaque fois, la négociation est dure parce que la situation de la presse est difficile. Il faut que l'AFP réinvente son partenariat avec les éditeurs. La presse quotidienne régionale veut construire un kiosque numérique où elle mettrait en commun ses contenus. Je suis prêt à y participer.

Nous devons sortir d'un système strict où les agences vendent des contenus aux journaux, qui les vendent au grand public. Cette histoire de pré carré témoigne d'une vision malthusienne des choses, alors que la consommation d'informations dans le monde connaît une croissance exponentielle.

Cela signifie que vous allez proposer de l'information directement aux lecteurs ?

Il serait absurde que la troisième agence mondiale n'ait pas une application sur iPad, sur les smartphones, ainsi qu'un site Internet. On ne peut pas dire à la fois que l'AFP est une marque forte, mettre en avant son rôle public et civique, et lui interdire l'accès au Web. Comment imaginer qu'Associated Press (AP) et Reuters lancent des applications en français sur les appareils mobiles et pas l'AFP ?

Dans le même esprit, nous devons avoir une vraie stratégie à l'égard des réseaux sociaux. Le 1er septembre, nous avons nommé un responsable de ce secteur. Son rôle sera de définir une stratégie sur l'utilisation et la présence de l'agence sur les réseaux sociaux. Nous allons ouvrir un fil Twitter, un compte sur Facebook. Des comptes existent actuellement mais ce sont des faux.

Ferez-vous payer pour les informations en ligne ?

Toutes les possibilités sont ouvertes. Je suis contre l'option qui consiste à proposer tous ses contenus gratuits, parce que je pense que l'information a une valeur. On peut envisager, par exemple, une partie gratuite et une partie payante.

A combien évaluez-vous les besoins d'investissement et comment les trouverez-vous ?

Je les évalue à 125 millions d'euros. J'ai identifié une dizaine de chantiers, donc cinq sont prioritaires et représentent un montant de 55 millions d'euros. Il faut confirmer le rôle leader de l'agence en matière sportive, développer le fil arabe, tripler l'offre vidéo en deux ans, développer l'offre sur les appareils mobiles et les smartphones, et enfin valoriser les archives.

Je suis en discussion avec l'Etat pour obtenir une partie de ces moyens, peut-être à travers les ressources du grand emprunt. Je compte aussi sur les revenus issus de notre développement, surtout à l'international, où l'agence est sur une croissance qui approche les deux chiffres.

Avez-vous renoncé à transformer l'agence en une entreprise à capitaux publics ?

Il faut que son statut, qui date de 1957, évolue, mais cela doit se passer sur un terrain le plus apaisé possible. En lisant les rapports et en discutant avec les personnels, j'ai pu constater que chacun était favorable à une évolution de la gouvernance. Le sujet qui fait polémique est la constitution de l'agence en société dotée d'un capital. Si celui-ci est privé, on craint une privatisation. S'il est public, une étatisation. Je préfère laisser ce sujet de côté.

Quels sont les principaux aspects du statut qui doivent changer selon vous ?

D'abord, la durée du mandat du président, qui devrait être de cinq ans, renouvelables (aujourd'hui de trois ans), comme dans les entreprises publiques. En vingt-cinq ans, AP a connu deux présidents, Reuters trois, l'AFP sept, dont trois démissionnaires...

Un autre changement devrait concerner la composition du conseil d'administration. Il faut une représentation plus internationale et qui ne place pas l'agence en contradiction permanente avec elle-même. Aucune entreprise ne peut vivre avec ses clients majoritaires au conseil d'administration ! Que les éditeurs français soient les garants de l'indépendance de l'agence, c'est une chose positive. Mais l'AFP réalise aujourd'hui plus de 50 % de son chiffre d'affaires (hors aides de l'Etat) à l'étranger. De même, le conseil d'administration ne compte aucun représentant de l'économie numérique.

Il faudra enfin clarifier le rapport financier entre l'AFP et l'Etat, définir les missions d'intérêt général de l'agence afin de se mettre en règle avec la Commission européenne. Les esprits sont mûrs pour une réforme intelligente, cohérente, efficace et sérieuse. Il faudra pour cela une loi.

Les salariés s'inquiètent d'un éventuel plan social. L'envisagez-vous ?

Non, les effectifs n'ont pas vocation à diminuer, au contraire.

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