Une société française a fourni en 2008 au régime libyen, avec l'accord de l'Elysée, un 4X4 furtif ultra-sécurisé pour assurer la protection des déplacements de Mouammar Kadhafi, aujourd'hui en fuite, a affirmé dimanche le site Mediapart. Sollicité par l'AFP, l'Elysée a indiqué qu'il ne souhaitait pas faire de commentaire.

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Ce 4X4 a été équipé par la société française Amesys (ex-i2e), filiale de Bull, et fourni à Tripoli par l'intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine, mis en examen mercredi dans le volet financier de l'affaire Karachi, selon Mediapart. "La vente de ce matériel a bénéficié, dès 2007, de l'appui du ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, et de son directeur de cabinet d'alors, Claude Guéant. L'engin a finalement été livré à partir de 2008, avec le feu vert, cette fois, de l'Elysée", écrit Mediapart.

La vente de cette voiture a été, selon le site, un des volets d'un contrat de sécurisation du régime libyen baptisé "Homeland Security Program", comprenant aussi des équipements de cryptage des communications du régime et d'espionnage d'internet, signé en 2007 pour 26,5 millions d'euros et conclu par Bull-Amesys.

Divergences pour former un gouvernement

En Libye, les nouveaux dirigeantsn'ont pas réussi à se mettre d'accord dimanche sur la composition du gouvernement de transition, dont l'annonce a été reportée sine die.

"Il y a accord sur l'attribution de nombreux portefeuilles. D'autres font encore l'objet de discussions mais nous espérons en finir le plus tôt possible", a-t-il ajouté. "Je crois que l'essentiel des questions a été débattu aujourd'hui", a déclaré en fin d'après-midi le numéro deux du Conseil national de transition (CNT), Mahmoud Jibril, lors d'une conférence de presse à Benghazi.

Mahmoud Jibril devrait rester à son poste et le gouvernement devrait compter 34 ministres, dont probablement deux femmes. Mais des "divergences" subsistent sur la composition du gouvernement.

Le CNT reconnu par l'ONU comme représentant du peuple libyen

Ce gouvernement sera chargé de gérer la transition en attendant des élections et la rédaction d'une nouvelle Constitution. Il sera aidé dans sa tâche par l'ONU, dont le Conseil de sécurité a annoncé la levée partielle du gel des avoirs libyens et l'envoi d'une mission de trois mois en Libye.

Reconnu vendredi par l'ONU comme représentant du peuple libyen -à une majorité de 114 voix pour et 17 contre sur 193-, le CNT a annoncé le 2 septembre qu'il comptait diriger le pays jusqu'à l'élection dans huit mois d'une Assemblée constituante, avant des élections générales un an plus tard. Le délai de huit mois ne devrait cependant débuter que lorsque les nouvelles autorités, qui disent contrôler actuellement 90% du territoire libyen, auront déclaré la "libération" totale du pays.

Résistance farouche des bastions kadhafistes

Sur le terrain, les combattants fidèles à Mouammar Kadhafi, ancien dirigeant en fuite depuis près d'un mois, opposent depuis trois jours une résistance farouche dans leurs bastions de Syrte (360 km à l'est de Tripoli) et de Bani Walid (170 km au sud-est de la capitale).

Moussa Ibrahim, porte-parole de Mouammar Kadhafi, a affirmé que les troupes loyales à ce dernier avaient remporté ces derniers jours plusieurs victoires.

A Syrte, où une quarantaine de combattants pro-CNT ont été tués depuis le début de l'offensive jeudi, les combats se sont poursuivis dimanche de manière moins intense que les jours précédents, les pro-CNT cherchant surtout à sécuriser les artères principales dans l'espoir que les civils puissent partir.

"Le principal problème c'est qu'il y a des enfants et des civils à l'intérieur et que nous ne voulons pas utiliser de roquettes Grad ou d'artillerie lourde", a expliqué à l'AFP Walid al-Fetouri, commandant d'une brigade de combattants.

Les combattants se disaient certains que Mouatassim Kadhafi, l'un des fils du dirigeant déchu, médecin et militaire de carrière, se trouvait dans les faubourgs sud de Syrte. Mais le sort des fils de Mouammar Kadhafi, dont trois sont réfugiés en Algérie ou au Niger et deux seraient morts, a déjà donné lieu à de nombreuses rumeurs.

Progression sur le front est de Syrte

Les pro-CNT ont annoncé avoir progressé dimanche d'une vingtaine de kilomètres sur le front est de Syrte, et se trouver désormais à une quarantaine de kilomètres de la ville. "Nous avons beaucoup plus avancé qu'hier. Ils nous attaquent à la roquette mais nous répliquons et nous gagnons du terrain", a déclaré à l'AFP Moustafa ben Dardaf, un commandant pro-CNT sur le terrain.

Samedi, un haut commandant du front ouest avait annoncé qu'au moins 6.000 combattants participaient à la bataille pour Syrte. Mais sur place, l'un de ces combattants s'était montré désabusé: "Nous ne tenons même pas 5% de Syrte parce que nous ne faisons que pénétrer puis ressortir".

A Bani Walid, les combats se sont poursuivis dimanche au lendemain d'une contre-attaque des pro-Kadhafi dans cette vaste oasis au relief accidenté.

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