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Webyboom

30 décembre 2011

Bye bye Webyboom, hello Accessiblog.fr

Né début décembre 2011, accessiblog.fr succède à Webyboom, qui restera en ligne et ouvert aux commentaires, mais ne sera plus mis à jour. Consultez l'article inaugural d'Accessiblog pour comprendre pourquoi, et ce que sera ce nouveau blog, qui j'espère vous plaira autant que j'ai eu du plaisir à animer Webyboom!

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9 mai 2011

Le Web, monde hostile

Imaginez un supermarché où les produits sont tous dans des boites indifférenciées, avec comme seules indications des lettres et des chiffres sans aucun sens discernable. Où les paquets de Pépitos sont stockés au plafond, hors d'atteinte. Où les bouteilles de Banga sont toutes d'une couleur variant autour de l'orange, mais sans étiquette pour les distinguer. Où le lecteur de carte bancaire, de carte de fidélité, et la fente du jeton pour le caddie, sont tous semblables, au point qu'on ne saurait dire lequel sert à quoi.

Imaginez une bibliothèque où tous les ouvrages sont rangés sans ordre apparent. Où un grand nombre d'entre eux portent sobrement le titre "Rapport", ou "Doc". Où certains sont juchés en haut d'étagères titanesques, et sont si lourds que vous vous faites un tour de rein en les attrapant. Tout ça pour vous rendre compte qu'ils sont dans une langue inconnue, ou pire encore, que vous êtes incapable d'en feuilleter les pages.

Imaginez un magazine où tous les textes sont de la même taille, et s'enchainent sans aucune structure ni ponctuation, au point de ne former qu'une seule et même gigantesque phrase. Imaginez que le texte est écrit si petit, et avec une encre si claire, que vous avez mal au crâne dès la première ligne. Où toutes les illustrations sont un sobre rectangle noir, alors que la légende vous promet que dans cette image, se trouve la clé de votre réussite.

Imaginez un parc de loisirs où la musique et le bruit son si assourdissants que vous ne vous entendez plus penser. Où le personnel vous explique les consignes de sécurité, mais aucun son ne sort de leur bouche souriante. Où les attractions vous happent avec leurs chants de sirènes, mais les portes sont si lourdes que vous êtes incapables de les pousser.

Ce monde de cauchemar, vous pourrez sans doute vous en échapper en vous réveillant. Mais pour bon nombre de personnes, ce monde est la réalité : celle d'un web encore trop inaccessible.

Les personnes ne percevant pas les informations visuelles, telles que les images, les vidéos, les mises en forme de textes, les couleurs, auront besoin d'informations sous forme de texte structuré, que leur restitueront efficacement des logiciels permettant de lire ces textes en Braille ou via une voix de synthèse. Les sons parasites devraient alors pouvoir être contrôlés pour éviter l'interférence avec le synthétiseur.

Les personnes ayant une mauvaise vue utiliseront des systèmes d'agrandissement et de changement de couleurs. Encore faut-il que les pages web soient conçues pour autoriser ces modifications d'apparence selon le bon vouloir de l'utilisateur.

Les personnes ne percevant pas les informations auditives, notamment dans les vidéos, auront besoin de textes additionnels, voire de versions en langue des signes pour bénéficier du contenu.

Les personnes qui ne peuvent pas utiliser une souris, doivent pouvoir naviguer et utiliser le contenu avec des dispositifs tels que des tiges de contrôles, des joysticks spéciaux, des logiciels de commande vocale, par les mouvements des yeux, voire... avec un clavier ! Encore faut-il que le concepteur de l'interface ait envisagé que l'on puisse se passer de souris pour la manipuler.

Les personnes indisposées par les sons intrusifs ou les mouvements doivent pouvoir consulter les contenus sans être gênés, et si ces sons ou animations portent une information, elle doit être disponible sous une forme moins "agressive", tel qu'un simple texte par exemple.

La bonne nouvelle, c'est que toutes ces choses sont faisables, et si on prend la peine de s'y intéresser, finalement pas si difficiles ni coûteuses à faire. Une bonne partie est à la portée du blogger débutant, et rien dans ces aménagements ne devrait effrayer un professionnel du web.

En quoi cela vous concerne ? Peut-être pas vous directement, mais considérez qu'en France 1 personne sur 6 ou 7 présente une déficience pouvant constituer un handicap. Rien que dans votre rue, votre bus, ou dans la salle de votre café favori, ça fait du monde. On peut aussi se retrouver en situation de handicap, temporairement ou définitivement, au cours de la vie, en se cassant un bras, en se rétablissant d'une soirée trop bien fêtée, ou en écoutant son iPod trop fort trop souvent. Et puis n'oublions pas, comme le disait Desprosges (juste avant de mourir, ce con), que nous sommes tous atteints d'une maladie dégénérative mortelle, qu'on appelle la vie... avec un peu de chance, nous vivrons assez vieux pour voir dégénérer nos facultés à voir, entendre, et bouger. Un français sur trois aura plus de 60 ans passé 2025, et la société ne pourra pas se contenter de les laisser sur le bord des autoroutes de l'information.

Et ne perdons pas de vue une chose cruciale : avoir une ou plusieurs déficiences ne change pas le poids de son opinion, la valeur de ses euros, ou l'importance de ses contributions intellectuelle, sociale ou artistique. Un internaute qui fuit votre site parce qu'il ne s'y sent pas bien accueilli, vous ne le reverrez pas de sitôt. Surtout si vos concurrents ont sorti le tapis rouge et les petits fours...

Or, dans ce monde maillé par les réseaux sociaux, le pouvoir de nuisance d'un individu est démultiplié. Comme dans les hôtels ou les restaurants, un accueil médiocre sur un site web sera crié sur les toits du Web. Ce n'est pas de la parano, c'est juste un fait, avec lequel il faut composer.

Alors, avant la prochaine mise en ligne, pensez-y...

5 mai 2011

Le top 5 des Raisons Invoquées Pour Ne Pas Rendre Son Site Accessible

Malheureusement, ce top 5 est inspiré de réactions réelles...

Raison numéro 5 [roulement de tambour]: Notre site est trop riche visuellement pour être rendu accessible [coup de cymbale].

Raison numéro 4 [roulement de tambour]: Nos statistiques de fréquentation montrent que les aveugles ne visitent pas notre site [coup de cymbale].

Raison numéro 3 [roulement de tambour]: On le fera si quelqu'un nous fait un procès [coup de cymbale].

Raison numéro 2 [roulement de tambour]: On n'est pas obligé de le faire, puisqu'on paye la cotisation AGEFIPH [coup de cymbale].

Et enfin, raison numéro 1 [roulement de tambour]: Si on rend notre site accessible, on risque d'avoir des handicapés qui vont vouloir être embauchés chez nous [coup de cymbale].

Et si vous ne me croyez pas, passez un peu de temps à promouvoir l'accessibilité, vous risquez d'être salement surpris!

19 avril 2011

Mon FEAN à moi

Le Forum Européen de l'Accessibilité Numérique (FEAN), organisé par Braillenet, s'est tenu le 28 mars dernier à la Cité des Sciences de la Villette. Le thème de cette année: "Coûts et bénéfices de l'accessibilité".

Cette cinquième édition avait un goût particulier pour moi: j'ai eu l'honneur et le plaisir d'y faire une présentation, sur le thème de l'optimisation des coûts pour l'intervention d'un expert. Cerise sur un gâteau déjà très savoureux : elle a été faite avec Jean-Pierre Villain de Qelios, qui entre autres faits d'armes, est le grand manitou du référentiel Accessiweb.

Pour une revue détaillée et critique de la plupart des interventions, je vous renvoie à l'excellent compte-rendu sur le site de Delphine Malassingne. Pour ma part, je détaillerai ici quelques points de notre présentation trop rapidement abordés par manque de temps. Et ensuite, une petite revue de faits marquants vus de mon coin.

Optimiser le coût de l'expertise

Avec Jean-Pierre nous étions un peu gênés: avec un thème pareil il faut amener du concret. Nous avons des travaux en cours qui donneront à l'avenir des chiffres, mais trop tard pour la conf... De plus, il nous fallait nous démarquer des présentations d'avant et d'après, respectivement de Jean-Marie d'Amour (de l'Institut Nazareth-Louis Braille au Québec), et d'Elie Sloïm de Temesis... sans pour autant en connaitre le contenu. Clairement nous partageons avec eux pas mal de points de vue, il ne s'agissait pas de faire doublon.

Nous sommes partis de la volonté de faire passer des idées fortes, et espérons-le, innovantes. Ce qui impose un effort de communication pour rester dense sans être barbant. D'où la présence de photos amusantes et décalées, technique modestement inspirée des petits chefs-d'œuvre de Chris Heillmann, qui n'a pas son pareil pour dégoter la "photo qui tue", à la fois drôle en elle-même et percutante dans le contexte (bon sang, comment il les trouve? c'est ce qui m'a pris le plus de temps, et encore, j'ai lâché l'affaire à un moment donné).

Parmi ces idées, une qui a rencontré un certain écho, ou jeté un certain "trouble" pour reprendre le terme d'un membre de l'assistance, est celle qui postule que l'expert accessibilité n'est pas seulement un expert en évaluation. On flotte sur cette conception des choses depuis des années en France, notamment parce que c'est ce par quoi on commence tous, et que la formation incontournable dans le domaine, délivrée par Braillenet, porte ce nom. Il faut remettre les choses à leur place: certes, en suivant cette formation, on fait un grand pas vers une compréhension plus vaste de l'accessibilité, mais ça ne reste qu'un point de départ, au regard de tout ce qu'il faudrait savoir. L'évaluation c'est du test logiciel, spécialisé certes, mais pas plus. De fait, devenir "expert" en 5 jours est une illusion douce, mais aux conséquences fâcheuses. Trop souvent les donneurs d'ordre assimilent l'accessibilité à une sous-recette, et s'arrêtent là. Ils ne paient que pour des audits (c'est cadré, c'est concret, ça fait un beau rapport, et un rapport, c'est bien). Alors que parfois un audit ne sert à rien en tant que tel, car souvent c'est trop tard... Comme si on convoquait un spécialiste des incendies pour constater qu'une forêt a brûlé. Tout cela coûte de l'argent et empêche de faire travailler les experts sur ce pour quoi ils sont utiles. D'où cette proposition un brin provocatrice: n'utilisez pas vos experts pour faire des audits. Apprenez à les faire, et faites-les vous-mêmes!

Une autre idée forte, qui prolonge la première : plutôt que d'utiliser un expert pour faire des choses, demandez-lui de vous apprendre à faire les choses. Ce n'est pas un principe nouveau, comme l'atteste la parabole du pêcheur. A peu de choses près: "Donne un poisson à un homme qui a faim, et il mangera aujourd'hui. Apprends-lui à pêcher, et il mangera toute sa vie". Ce que l'on pourrait compléter par : "Dans un deuxième temps, apprends-lui aussi à enlever les boyaux et les arêtes, ça sera tip top". Autrement dit : acquérez les compétences de base en accessibilité sur les activités de production qui vous reviennent (coder, contribuer), et réservez l'expert pour les sujets plus pointus. Sur cette base, consolidez vos acquis, jusqu'à banaliser l'accessibilité, pour ensuite aller plus loin vers l'autonomie vis-à-vis de l'expert. La plus grande victoire qui puisse s'imaginer pour un expert en accessibilité, c'est lorsqu'il finit par être inutile. Chacun devrait travailler dans ce sens.

En attendant qu'il soit distribué par Braillenet avec tous les autres, je vous propose de consulter le support de présentation sur SlideShare, avec sa transcription (pas terrible, je vais la retravailler, promis).

Vu et entendu au FEAN

C'était mon troisième Forum. Comme à chaque fois il a été riche en rencontres et en enseignements. Cependant, cette année, oserai-je le dire?... oui, allez, on est entre nous: j'ai par moments été un poil déçu. Probablement que j'en attendais plus. Comme l'analyse Delphine Malassingne, il y a un problème d'équilibre entre des présentations qui s'adressent tantôt aux néophytes, tantôt aux spécialistes, qui constituent a priori la plus grosse part de l'audience. Du coup certaines présentations ont paru légères, ou à coté de la plaque.

Quoiqu'il en soit, voici mon petit best-of à moi.

Le gouvernement lit vos e-mails

Marie-Anne Montchamp, Secrétaire d'Etat à la Solidarité et à la Cohésion sociale, était la personnalité politique invitée cette année pour ouvrir l'événement. Le discours était sans surprise… jusqu'à ce qu'elle mentionne la lettre ouverte sur l'accessibilité des services numériques publics. Affirmant même qu'elle en partageait en partie les constats! Bon ben, finalement ça valait le coup de se donner du mal...

Ca tweete dans tous les coins

Je n'y avais pas trop prêté attention auparavant, mais c'est clair que Twitter est omniprésent dans une telle assemblée. N'étant pas tweeteur moi-même (à l'époque, mais ça a changé: retrouvez-moi sur @OlivierNourry), j'ai vu ça de loin, et a posteriori. Mais j'ai trouvé fascinant ce branchement dans la tête des gens, qui commentent à tout va, en direct, sans filtre. J'y ai aussi senti une complicité certaine dans cette communauté de l'accessibilité, qui partage un idéal commun, celui d'un monde meilleur pour tous (ouah, je m'émeus moi-même). Et on apprend des choses passionnantes: par exemple qu'Elie kiffe Claudie, ou que mon nom est Bond Junior, James Bond Junior.

Seb, c'est bien

Décidemment Sébastien Delorme n'en finit pas d'être pertinent. Sa présentation sur la mise en accessibilité d'un site de recrutement tapait en plein dans le mille pour moi. Ca fait un moment que j'ai ce sentiment crispant que tout reste à faire dans ce domaine, scandaleusement en retard, compte tenu de l'enjeu pour les personnes handicapées. En plus d'un point de vue business, ça devrait être une priorité, car le coût de la non-action se voit directement dans les comptes.

Know your kung-fu

Un membre de l'assistance, un Norvégien, a posé une question en langue des signes (norvégienne, je suppose...). Son interprète a traduit la question en anglais, elle-même traduite en français, pour l'interprète en langue des signes française officiant pour le colloque. Les deux signeurs se trouvaient face-à-face, à quelques mètres, et leurs mains volaient en tous sens, à une vitesse démente. J'avais l'impression d'assister à un remakede la grande scène de combat entre Neo et l'agent Smith (mais si, dans Matrix...). Epoustouflant ! Et respect pour les interprètes et traducteurs...

Quand on veut, on peut

Bertrand Binois, du Conseil général du Pas-de-Calais, est venu raconter l'expérience d'une structure qui veut rendre son site accessible, sans l'avoir jamais fait. Bon, c'est sûr qu'étant épaulés par Temesis, ils avaient moyen d'être sereins! Cependant le gros du travail leur a incombé, et leur histoire prouve que la motivation et le pragmatisme, aromatisés à l'humilité, permettent d'arriver à un résultat remarquable, même avec des moyens limités.

In Vino Veritas

Dans une vie antérieure, Elie Sloïm a travaillé dans un labo d'œnologie. Il en a ramené au moins un principe (pour le reste, je ne sais pas!): l'incertitude fait partie de la mesure. Et plutôt que de la combattre, il est souvent plus adroit de l'accepter et de continuer à avancer. Ce qui renvoie à un principe fort de l'art de la productivité : faire le bon travail, plutôt que bien faire le travail. Appliqué au cas de gestion d'un parc de sites, présenté par Elie, cela se traduisait par des audits globaux, pas très précis, ni exhaustifs, mais rapides et donc peu coûteux. Au final, l'économie était conséquente: l'opération d'ensemble était probablement moitié moins coûteuse qu'une démarche plus pointilleuse, basée sur le format très structurant de l'audit typé WCAG2 auquel nous sommes trop habitués.

La tempête Cynthia

Cinthya Waddell, spécialiste américaine des questions juridiques liées à l'accessibilité, venait présenter différents cas de non-accessibilité ayant donné lieu à une action en justice. Elle nous a refait l'histoire des droits des personnes handicapées aux Etats-Unis ("au commencement il n'y avait rien. Puis vinrent les dinosaures..."). Et n'a pas lâché le pupitre avant d'avoir montré tous ses innombrables slides, tous très chargés, provoquant de grands gestes paniqués du président de séance, qui voyait la fin de journée approcher dangereusement... Mais elle était inarrêtable! Ca en devenait comique, la salle tremblant d'hilarité devant ce combat inégal...

Voila pour cette édition, bravo aux organisateurs, et vivement la prochaine!

29 janvier 2011

Lettre ouverte pour l’accessibilité numérique des services publics

Tout a commencé par une question, sur la liste GTA, tout-à-fait banale et légitime : que risquent les sites web publics qui n'appliquent pas le RGAA (Référentiel général d'accessibilité des administrations) dans le délai imparti? La réponse était consternante de simplicité: rien, ou tout comme.

A suivi une discussion passionnée, où ont été étalés de nombreux points d'incompréhension et d'incohérence dans le dispositif réglementaire avec lequel doivent composer les acheteurs publics et leurs fournisseurs. En résumé, on a un ensemble de documents, le RGAA plus son décret d'application, dont le contenu technique est complexe, mais c'est la loi du genre. Les professionnels de l'accessibilité, rompus aux arcanes des WCAG et de ses différents rejetons, peuvent s'en débrouiller. Mais les contradictions et imprécisions qui le jalonnent, sur le plan des modalités d'applications, rendent impossible à déterminer des questions aussi simples et fondamentales que: à quoi le RGAA s'applique-t-il effectivement? quelles sont les dérogations? quel niveau est attendu? quel est le délai? quelles sont les sanctions?

Ça peut paraitre incroyable, mais il y a une loi à respecter, et personne ne sait en quoi elle consiste concrètement. Et c'est pas faute d'avoir travaillé le sujet: étant incontournable, nombre de cerveaux, et pas des moindres, se sont usés sur la bête. Pire encore, aucune administration, bureau, instance ou même délégué d'une quelconque agence ne semble être chargé du dossier. Les réponses à ces questions sont donc laissées à la seule appréciation de ceux qui se les posent. Les usagers face une situation d'inaccessibilité manifeste, n'ont pas même un début de point de contact, à part l'administration fautive. On imagine sans peine le résultat d'une telle démarche en général, surtout si l'on songe aux dizaines de milliers de sites web concernés...

Cette situation pose plusieurs problèmes, lourds de conséquence:

  • les utilisateurs en situation de handicap n'ont pas d'outil fiable pour évaluer la prise en compte de leurs besoins, et le respect des engagements de l'État à leur encontre
  • les maitres d'ouvrage publics, en général pas du tout ou très peu formés,  sont face à un dispositif contraignant, incompréhensible, et pour lequel aucun budget n'a été alloué
  • les professionnels sont bien en peine de les aider. Ceux qui sont compétents sur le sujet sont pénalisés face aux concurrents peu scrupuleux (ou simplement ignorants) qui clameront leur capacité à rendre un site accessible, sans savoir de quoi il retourne. Ce qui ne leur pose pas de problème, les clients en face n'étant pas plus aptes à en juger
  • cette loi, mise en application réelle, créerait une demande plusieurs fois plus importante que ce que peuvent absorber les prestataires de la place. Si elle se concrétisait, des acteurs importants (agences web, SSII) s'y intéresseraient, y investiraient, ce qui tendrait à diversifier l'offre, à baisser les coûts, et à valoriser la compétence véritable.Tous s'y retrouveraient, les utilisateurs en premier lieu. L'accessibilité numérique en France est aujourd'hui une activité d'artisans, au sens noble du terme. Mais pour qu'elle devienne banale, ce qui est l'objectif ultime, il faut qu'elle s'industrialise.

Suite à la discussion, Patrice Bourlon a émis l'idée d'une lettre ouverte aux pouvoirs publics, en ligne depuis le 28 janvier. Certains lui ont manifesté leur soutien, ont constitué un groupe de rédacteurs (dont bibi) et l'ont aidé à élaborer et peaufiner ce document au fil des semaines. Des acteurs importants du monde de l'accessibilité ont rejoint le groupe de départ pour signer et marquer ainsi leur approbation au contenu de cette lettre. D'autres, approchés également, ont choisi de ne pas le faire, pour diverses raisons, que je ne juge pas et respecte par ailleurs. Pour ma part, il m'a paru important de contribuer à cette initiative, et à ce courrier, qui synthétise avec honnêteté et précision les raisons qui font de l'article 47 de la loi de 2005, l'objet de toutes nos frustrations.

Si vous adhérez à cette idée, parlez de cette lettre autour de vous, et mieux encore, bloggez, twittez et facebookez à son propos. Plus on fait du bruit, plus on est entendu...

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20 janvier 2011

WAI-ARIA candidate à la recommandation

On l'attendait depuis un moment, et ça y est, c'est fait: la spécification WAI-ARIA du W3C a acquis le statut de Candidate Recommendation (candidate pour la recommandation). Lire les détails sur le site de WAI (en anglais).

Rappelons que WAI-ARIA est la spécification qui définit une base technique pour une meilleure communication entre technologies d'assistance (les lecteurs d'écran typiquement) et les pages web. Plus exactement, pour tout ce qui est communément appelé les interfaces riches, autrement dit les zigouigouis (on dit widget en général) qui constituent des composants d'interface... riches, donc, et tendent à rendre les pages web aussi sympa à utiliser qu'une application traditionnelle.

Je ne vais pas rentrer dans des détails déjà largement abordés sur ce site, mais en gros, on pourra désormais coder un menu déroulant en spécifiant que c'est un menu, qu'il est ouvert ou fermé, qu'il comporte un sous-menu, et que tel bloc de texte caché dans la page en est la description. Ou bidouiller un curseur en HTML+CSS+Javascript, et donner au lecteur d'écran l'impression que c'est un véritable curseur, comme dans les applications classiques. Ajax est concerné au premier plan, puisqu'on pourra désormais servir correctement un lecteur d'écran, y compris pour les contenus mis à jour sans recharger la page.  Toutes choses que le HTML de base ne permet pas de faire simplement.

ARIA comble le fossé entre le HTML d'aujourd'hui, toujours vaillant mais limité fonctionnellement, et le HTML5, dont on espère beaucoup mais qui devrait être stabilisé d'ici 10 ans au mieux. Tout cela est à moduler, car les navigateurs et les technos d'assistance doivent intégrer la spec. C'est déjà bien avancé pour les versions récentes des solutions phares du marché (oui, même Internet Explorer - euh, c'est-à-dire, la version 9). Mais nous sommes dans une phase un peu brouillonne où tout n'est pas supporté de façon équivalente. Ce nouveau pas vers l'officialisation d'ARIA va dans le bon sens, et aidera à généraliser le support de toute une gamme de nouvelles possibilités.

La prochaine étape est de collecter des exemples d'implémentation qui fonctionnent dans le vrai web. Si vous en avez et souhaitez les partager, le W3C est tout ouïe!

17 septembre 2010

WAI-ARIA: en phase de dernier appel pour le document de travail

La spécification WAI-ARIA (introduction, en anglais), qui vise à établir un standard pour une meilleure accessibilité des interfaces riches, passe un cap important. Le document de travail est soumis au public, pour une dernière révision. La date de clôture des commentaires est au 29 octobre 2010.

L'annonce sur le site du W3C

17 septembre 2010

E-bay se met à l'accessibilité

eBay, l'un des géants du web, accompagné par WebAIM (en anglais), a fait évoluer son site principal, en y intégrant des améliorations de l'accessibilité. Selon la page d'aide d'eBay dédiée à l'accessibilité (en anglais):

  • les liens sont informatifs, et les images comportent des alternatives
  • les contrastes sont améliorés
  • les pages sont plus faciles à utiliser sans souris

Il est également précisé que l'accessibilité est prise en compte dès le début, pour toute nouvelle page ou toute évolution. Est détaillée ensuite la marche à suivre pour les principales fonctionnalités du site: Chercher, Acheter, Payer, Vendre.

Par ailleurs le service d'assistance aux clients a été formé pour répondre aux besoins des personnes handicapées. Ce dernier point est particulièrement intéressant: il rappelle que la préoccupation d'accessibilité ne doit pas se limiter au site web, mais est bien une question transverse, qui concerne toutes les interactions de l'entreprise avec la clientèle. Imaginez un supermarché avec un parking réservé, mais avec des caisses à l'ancienne, c'est-à-dire trop étroites pour un fauteuil roulant (Hmm, bon ok, ça existe! Mais ce n'est pas un exemple à suivre!).

Restera une question entière: comment rendre réellement accessible un site de cette envergure, lorsque la part vraiment utile du contenu est produite par les internautes? Car sur eBay, les produits vendus ont des fiches rédigées par les vendeurs, c'est-à-dire vous, moi, le voisin, sa grand-mère ou son chien (le mien y a vendu sa niche récemment). Le fait est que l'éditeur d'annonces permet de faire tout et n'importe quoi, et d'ailleurs surtout n'importe quoi. Les textes en jaune pâle sur blanc, les images clignotantes, les textes incompréhensibles ou en SMS... tout cela est possible, et la preuve, eBay en est gavé.

Clairement, ces annonces trouveront plus difficilement preneur que celles qui sont claires et agréables à tous les yeux, et on pourrait expliquer cela à leurs auteurs. Mais vu qu'on a déjà beaucoup de mal à faire passer le message auprès de gens dont le métier est de communiquer sur internet, on se dit que c'est pas gagné. Une solution plus dirigiste serait de rendre l'éditeur d'annonces moins "capable", en quelque sorte. Mais eBay ne prendra probablement jamais le risque de se voir reprocher cette atteinte éhontée à la créativité. Ceux qui portent le message de l'accessibilité auprès des décideurs ont déjà entendu cela maintes fois, alors pensez donc...

Sur ce point épineux, eBay ne communique pas. Pas plus d'ailleurs que sur l'accessibilité de Paypal, filiale d'eBay et principal mode de payement sur ce site. Et si le site ebay.com (destiné aux USA principalement) a fait ce travail de mise à jour et de formation, rien n'est dit sur la propagation de ces actions aux sites locaux (sur ebay.fr, pas un mot là-dessus, d'ailleurs une recherche sur le mot "accessibilité" ne donne rien). Enfin, on notera que l'accent est une nouvelle fois porté sur la déficience visuelle, donnant à penser que c'est la seule raison de le faire.

Cela n'en reste pas moins une bonne nouvelle. Après Amazon (volontairement) et Target.com (un peu forcé), c'est un autre mastodonte de la vente en ligne qui fait quelque chose pour l'accessibilité, et qui surtout en parle. Car au-delà de cette action finalement très localisée, il faut se réjouir de la publicité faite autour de la question de l'accessibilité. Et de l'existence de preuves que c'est possible, même à petits pas, pour un site qui attire 3% des internautes chaque jour, et se classe 22ème mondial (d'après Alexa.com, en anglais) en termes de pages vues.

Lire l'annonce sur le blog de WebAIM (en anglais)

14 juillet 2010

Un argument de plus pour l'accessibilité

Dès que j’ai découvert l’accessibilité numérique, j’ai été convaincu que c’est un devoir moral de la mettre en œuvre, de la façon la plus large possible. Mais cela n'est qu'une conviction personnelle. Et toutes les bonnes intentions se heurtent au facteur de réalité : faire un site accessible requiert un certain investissement, que ce soit en temps, ou en expertise. Donc, à un moment ou un autre, quelqu’un paye pour ça. Une fois qu’on maîtrise plus ou moins la chose, cet investissement diminue, heureusement. Il n’en reste pas moins que pour faire franchir le pas au susdit payeur, il faut le convaincre qu’on parle bien d’investissement, et non de coût.
La nuance est de taille : s’il est vrai qu’on doit financer la mise en accessibilité d’un site, cela peut s’avérer rentable. Et de fait, l’un des tous premiers articles qu’il m’ait été donné de lire à ce sujet, et qui a contribué à forger mes convictions, a été ce billet de Matthieu Faure : "avantages concrets de l’accessibilité". D’autres ont enfoncé le clou, tel cet article d’Openweb, rédigé par les compères Elie Sloïm et Laurent Denis : "pourquoi l’accessibilité numérique ?". Et même le W3C s’y est mis, avec son business case pour l’accessibilité (en anglais). Mais il faut bien le reconnaître, on tourne depuis quelques années sur les mêmes arguments (les articles de Matthieu, Laurent et Elie datent de 2005). Pas totalement surprenant, puisque ces arguments restent largement vrais. Malheureusement, il faut croire que ça n’a pas suffi à rendre le web accessible par défaut, sans qu’on se pose même plus la question. C’est pourquoi toute idée neuve est bonne à prendre. En voici une – oh, ça va pas révolutionner le domaine, mais c’est déjà mieux que rien…
L’idée m’en est venue en assistant à l’un des séminaires organisés par Microsoft en partenariat avec Braillenet. Celui-ci portait sur les solutions d’accessibilité dans Sharepoint 2010. Y était évoquée l’API qui prend le relais de la vénérable MSAA, sur les systèmes d'exploitation Microsoft les plus récents, pour s’interfacer avec les technologies d’assistance, j’ai nommé UI Automation. Curieux nom pour une API d'accessibilité : automatisation de l’interface utilisateur ?? Et bien en fait, c’est très logique : il s’agit de l’API qui relie les éléments d’interface au système d’exploitation, en vue de les piloter par un logiciel, pour des tests automatisés par exemple. Or, la fameuse « compatibilité avec l’accessibilité » pondue par le W3C, c’est exactement dans la même veine : rendre les applications web pilotables par un logiciel, qui en l’occurrence sera une technologie d’assistance… Intéressant ! Cela implique qu’un site accessible, est un site lisible par un logiciel, et donc, intrinsèquement, beaucoup plus simple à tester de façon automatique. Un robot testeur, tout comme un lecteur d’écran ou un robot d’indexation, sera plus à l’aise avec un site accessible, puisqu’il pourra s’appuyer sur un code sous-jacent conçu pour le lui rendre compréhensible.

Alors, c’est sûr, c’est pas l’argument qui va faire tomber de sa chaise un chargé de communication ou un directeur marketing ! Mais pour un DSI ou un responsable qualité web, cela peut suggérer de substantielles économies sur les procédures de tests automatisés, et donc une motivation supplémentaire à investir dans l'accessibilité.

10 mars 2009

Deux séminaires européens sur l'accessibilité en mars

Coïncidence du calendrier, deux séminaires de grande envergure, consacrés à l'accessibilité, vont se succéder bientôt:

Deux événements complémentaires, donc, à suivre de près.

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